Le village 1. L'ingénieur
E
n 1961, durant la guerre froide, un échange de prisonniers a lieu sur un pont de Berlin. Américains et soviétiques profitent de la nuit pour récupérer leurs espions. Quelque temps plus tard, l’agent secret Grégor Polianov se réveille dans un village russe. Il déclare s’appeler Olaf Gustavson, de nationalité finlandaise, et n’a aucun souvenir de sa mission première. Est-il réellement ce qu’il prétend être : un ingénieur en hydraulique finlandais travaillant aux Etats-Unis ? Ou bien n’est-ce qu’une couverture de l’agent secret, Grégor Polianov, ce que tout le monde dans ce coin isolé du monde, s’évertue à lui faire croire ? En quête de réponses, il décide d’explorer ce lieu dont il se sent peu à peu prisonnier. Le Village, ainsi nommé par les services secrets soviétiques, pourrait être une paisible bourgade bordée d’un lac et entourée d’une épaisse forêt, si ce n’est qu’il s’agit en réalité, d’un centre de conditionnement destiné à préparer les agents à leurs missions d’infiltration.
Pour lancer sa nouvelle collection Focus - affichant l'ambition de proposer histoires percutantes et personnages forts et complexes -, Bamboo publie en octobre 2008, Le Village. Rodolphe, le scénariste, emprunte au roman d’espionnage pour poser les bases de sa nouvelle série qui se déclinera en plusieurs cycles, chacun des albums restant autonomes. Riche en rebondissements, l’intrigue se concentre sur l’identité trouble de Grégor Polianov. Le lecteur est convié à un jeu de fausses pistes, à l’image de cette trompeuse évasion en hors-bord du héros sur le lac, au nez et à la barbe des habitants. Les personnages sont vraiment difficiles à cerner. Quelles sont leurs véritables motivations ? De plus, le suspense est plutôt bien mené, amenant du même coup de nombreuses interrogations et un intérêt certain pour ce village.
Pour donner vie à cette localité pittoresque mais factice, Bertrand Marchal offre un dessin fort classique mais qui sert habilement la trame de l’histoire. Le trait est énergique et réaliste comme le laisse voir l’aménagement du Village et les paysages alentours. Le tout est renforcé par une colorisation agréable et chamarrée.
Cependant, la scène finale, qui clôt ce cycle premier (épisode 1/1), est pour le moins hâtive et convenue. Sur fond de guerre froide, ce récit d’espionnage ne bouleverse peut-être pas le genre mais assure néanmoins une lecture distrayante malgré un goût d’inachevé.
5.0