Cerbères 1. La séduction de l'innocent

E rcan, garde du corps free lance, a échoué dans sa mission. Il n'a pas vu venir l'homme qui a tiré sur son patron lors d'une conférence intitulé de « Faut-il avoir peur du créationisme ? » à laquelle il participait. Le jeune homme, d'origine turque, va tout mettre en œuvre pour retrouver le tireur. Son enquête officieuse l'amène à découvrir les motivations religieuses des commanditaires de cette tentative de meurtre. Au cours de ses investigations, Ercan remarque qu'il n'est pas le seul à suivre cette piste : une étrange organisation veille dans l'ombre. Dans quels buts ?

Cerbères est la nouvelle série de la collection 12 Septembre des éditions Soleil regroupant des scénarios abordant les problèmes d'un monde en mutation, qu'il s'agisse d'intérêts politiques ou financiers. Ici, le thème est centré sur la montée en puissance des religions et le besoin des hommes de se raccrocher à quelque chose de supérieur pour supporter les difficultés quotidiennes.

Serge Carrère et Weissengel ont imaginé un scénario d'anticipation dans un futur très proche, présentant une évolution possible de la société où foi et religion apparaissent comme des refuges. Le récit, construit et mené comme un polar, est très rythmé et fait la part belle à l'action. Le postulat est intéressant et les auteurs extrapolent la situation actuelle, et s'interrogent sur la manière dont les extrémistes chrétiens, dans le cas présent, remettent en cause un certain nombre de principes au nom de leurs valeurs. Pour lutter contre ces dérives, les deux scénaristes ont également imaginé un contre-pouvoir présenté ici sous la forme d'une société plutôt secrète dont l'objectif est de veiller et de combattre ces extrémismes.

Pourtant, ce premier tome est loin de susciter de l'enthousiasme car il soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Bien que ce soit l'objectif de toute entrée en matière afin d'en ménager le suspense, celle-ci n'atteint pas son objectif car la finalité de la série ne semble pas suffisamment explicite. Il semble difficile de savoir si Cerbères est un simple polar sur fond religieux ou s'il s'agit d'une œuvre souhaitant aborder des enjeux plus complexes en exprimant au passage un point de vue.

La présence de Serge Fino au dessin est un choix qui trouve sa justification à la fois dans ses précédentes collaborations (Angeline, Zodiac Killer ...) et son style qui semble mieux s'accorder avec les histoires contemporaines. A l'instar des Contes du Korrigan, son dessin correspond à ces univers spécifiques actuels ou d'anticipation avec un style simple et efficace. Le bémol vient de ce mélange entre les décors épurés et une mise en couleurs qui apparaît par moments fade. L'impression générale laissée est celle de froideur et de distance.

Au second tome de Cerbères de prouver que la série aspire à être portée aux nues ou si elle doit échouer aux portes de l'enfer où l'attendent déjà bon nombre de ses congénères.

Moyenne des chroniqueurs
5.0