Les fils de la racaille

D e petits boulots en petits boulots, de squat en squat, la vie de Brice est basée sur le rythme de ses errances. Une fois de plus, il échoue dans un quartier qui n'est pas le sien. Sa route croise celle de Manu, sans domicile fixe. Ce dernier l'aide à se faire embaucher dans un des entrepôts portuaires. Ensemble, ils découvrent le quotidien de leur patron, fait de magouilles et trafics en tous genres.

Les Fils de la Racaille, nouvel album de Marc Vlieger, après Les Ames Sombres et L'Echangeur, se présente comme une sorte de fable urbaine où les différents acteurs se croisent au gré de leurs péripéties. Le fil conducteur de ce tableau assez noir est un jeune garçon asocial et perturbé par le décès de son frère. Rejeté par un père trop occupé à gérer ses affaires de contrebande, délaissé par une mère qui l'accuse d'être responsable de la disparition de ce fils qu'elle aimait tant, il est élevé par sa grand-mère, qui passe son temps à délirer sur les mauvaises ondes circulant dans le sol.

Marc Vlieger décrit la vie d'un quartier portuaire à travers les nombreuses figures qui le composent. Sa volonté de coller au plus près des difficultés de ces personnes est manifeste, tout comme son souhait de développer l'aspect sociologique de son récit à travers un drame humain et ses conséquences. Pourtant l'ensemble laisse froid, il manque à ces histoires de drogues et d'affrontements entre gangs un degré de réalisme pour véritablement toucher le lecteur. Les prostituées se révèlent très proches du cliché et leurs personnages viennent alourdir un tableau déjà bien chargé en misérabilisme, au point de se demander si leur présence est réellement indispensable. Enfin les révélations sur les circonstances de la mort du garçon sont trop rapidement décelables malgré la volonté de l'auteur de ne laisser filtrer que quelques bribes d'informations. Dès lors, le récit traîne en longueur et finit par lasser.

Dans un style semi-réaliste, avec une réelle volonté de jouer avec les cadrages, le dessin de l'auteur est en phase avec cette faune mise en scène. Les acrobaties du jeune garçon sont d'ailleurs propices à des angles de vues différents, conférant au récit un certain rythme. Complet et amplement développé, le discours de cet album laisse pourtant indifférent alors qu'il était censé susciter l'émotion, voire réveiller une conscience assoupie.

Moyenne des chroniqueurs
5.5