Le bordel des muses / Le Cabaret des muses 4. Darling, pour toujours

A près des débuts flatteurs dans la lignée du remarqué Vincent et Van Gogh, Smudja avait dû renommer son bordel en cabaret à l’occasion du troisième volet. Une façade plus présentable qui cachait mal un dérapage non contrôlé du scénario, sorte de délire hippique qui semblait devoir se terminer avec la fin tragique de Darling, une jument de course en laquelle Toulouse-Lautrec voyait son double. Quelle surprise –désagréable - par conséquent de voir la vieille carne se pavaner en couverture de ce nouvel album, comme pour narguer tous les amateurs de l’auteur qui avaient stoïquement supporté ses écarts précédents.

Smudja l’avoue en préambule : il adore les chevaux depuis sa plus tendre enfance. Difficile de lui en vouloir après cette déclaration émouvante mais l’exaspération va reprendre le dessus au bout de quelques pages. Poussant les élucubrations du tome précédent à leur paroxysme, Smudja sauve l’animal du boucher pour l’installer dans la chambre de bonne du peintre. Lautrec et Darling partagent alors leurs états d’âme, leurs réflexions sur la vie, l’amour… L’absurde est surtout prétexte à dessiner le cheval dans des postures typiquement humaines (allongé les jambes croisées, au lit etc..) mais en marge de ces prouesses qui arrachent ici et là un sourire, quel ennui ! Ce qui ne fonctionnait pas précédemment s’étire à nouveau en longueur sur tout un album, et cette fois, la virtuosité graphique de l’auteur ne suffit plus à retenir le lecteur. Et pourtant certaines planches telles que l’arrivée de la course sont époustouflantes, mais décidément on ne mérite pas un tel calvaire pour en arriver là.

Oublions le titre qui résonne comme une provocation : le final laisse penser que l’incartade équestre de l’auteur n’ira pas plus loin, d’autant plus qu’il revient à ce qui était jubilatoire au départ : le recours aux personnages authentiques (Renoir, Monet etc..). Les dernières pages sauvent miraculeusement l’ensemble et parviennent à redonner envie de poursuivre l’aventure. Ce serait en effet dommage de rester sur une impression aussi mitigée.

Moyenne des chroniqueurs
3.0