Seuls 3. Le clan du requin
C
’est déjà le troisième volet de cette série qui se présente comme le club des cinq du troisième millénaire avec ses enfants précoces et débrouillards qui se sortent de toutes les situations. Il ne manque que le chien et les adultes malveillants. Mais ces derniers ont disparu tandis que cet épisode nous apprend dès l’entrée en matière que le meilleur ami de l’homme est devenu son prédateur. Un concept inquiétant qui permet aux auteurs de lancer l’album tambour battant, mais qui est également représentatif d’une impression malsaine qui ne fera que se confirmer tout au long de cette nouvelle aventure.
Les deux premiers albums en avaient déjà donné un aperçu mais de façon plus subtile et moins permanente. Cette fois, la violence est partie prenante de l’histoire, sous des formes parfois assez brutales qui font douter du public auquel se destine ce livre. La caution au quatrième plat apportée par le journal de Mickey se marie en effet assez mal avec le sacrifice sanglant d’un chien ou les allusions au IIIe Reich, ou encore avec le comportement déviant de l’un des personnages. A l’instar d’un Harry Potter, la série évolue avec son public, mais on se demande si elle n’a pas pris ici une (in)confortable avance.
Sans s’adresser à un public adulte féru de thrillers sanguinaires, la série gagne progressivement en épaisseur via des personnages plus complexes, et devient moins prévisible. Même s'il est tentant d'ergoter sur le comportement improbable de ces enfants assez jeunes, privés de repères et de parents et qui s’adaptent un peu trop vite à ces traumatismes, les intrigues sont bien ficelées et le rythme est soutenu. Il commence à se dessiner un format pour chaque épisode, avec un approche de style Lost : un épais mystère en toile de fond, qui se dévoile par petites touches, de courtes aventures pour étayer la psychologie des personnages, des fausses pistes, des rebondissements, peut-être une touche de fantastique, et bien sûr, un bon cliffhanger pour conclure. Et comme c’est une BD, un dessin agréable et dynamique accompagne le tout.
Il n’y a pas de recette miracle pour le succès, mais ces ingrédients préparés par un duo talentueux peuvent garantir à cette série une belle longévité, sous réserve qu'elle touche un public moins jeune que celui auquel elle semble a priori s'adresser.
6.8