Kenya 5. Illusions
E
n 1947, au Kenya, le lac Victoria est l'objet de bien des convoitises. Les phénomènes étranges qui s'y déroulent et les animaux préhistoriques présents intéressent les Américains, les Russes et les Anglais. Leurs meilleurs agents, dont Miss Austin et Irmanius, ont été missionnés sur place. A chaque fois qu'ils font une découverte sensationnelle, les preuves finissent par disparaître mystérieusement, comme si quelqu'un ou quelque chose tenait à effacer toute trace de ce qui semble être des anomalies temporelles.
Ce cinquième tome de la série Kenya, imaginé par Rodolphe et Léo, était naturellement très attendu. Illusions clôt cette aventure fantastique aux allures de Monde Perdu de Conan Doyle, les rares éléments d'explication sur la présence de ces animaux préhistoriques et autres O.V.N.I. ayant été savamment distillés par les scénaristes dans les quatre épisodes précédents. Ce dernier opus devait être celui de LA révélation. En lieu et place du feu d'artifice annoncé, un simple pétard mouillé laisse le lecteur sur sa faim. La construction de cet album rend perplexe car, dès la première partie, les auteurs ont choisi de lever le voile sur tous ces mystères. Une clé sans grande surprise, prévisible et finalement peu enthousiasmante. Ensuite, ils donnent l'impression de vouloir meubler le reste de leur récit avec cette chasse au loup préhistorique, sans grand intérêt pour l'intrigue. L'histoire traîne alors en longueur, passant par des considérations géopolitiques et une expérience mystique pour la jolie jeune femme, pâle référence à Rencontres du Troisième Type. Bien sûr, tous ces éclaircissements sont logiques et cohérents avec l'ensemble de la série, mais tout cela manque d'ambition, de panache.
La surprise n'est pas non plus à chercher du côté du dessin de Léo : son trait est connu et constant depuis Aldébaran. La différence vient de sa capacité à rendre sur le papier la beauté des paysages sauvages de l'Afrique. Le dépaysement est assuré. A noter également, une belle double page montrant les lions en chasse, simple et cruellement efficace. L'auteur semble néanmoins plus à l'aise avec un bestiaire imaginaire (Aldébaran et Bételgeuse) qu'avec des animaux ayant existé comme ce lointain cousin préhistorique du loup qui ne convainc pas.
Les éléments fantastiques de ce cinquième tome restent suffisamment flous pour entretenir le mystère et laisser la porte ouverte à un nouveau cycle, Rodolphe souhaitant poursuivre cette aventure avec Bertrand Marchal (Frontière) au dessin. Il faudra patienter pour savoir si le potentiel scénaristique est réel ou s'il s'agit simplement d'une opportunité pour les auteurs de souffler sur les braises d'un succès commercial.
4.6