Vagabond 27. Partout des cadavres
M
usashi se retrouve épuisé et lacéré par les assauts des combattants du clan Yoshioka. Bien qu'il en ait déjà mis à terre des dizaines, nombreux se dressent encore sur son chemin. Face à soixante-dix hommes, il tente de survivre même si ses pensées vagabondent quant à sa destinée et sa manière d'en terminer. Si plusieurs fois il croit en avoir fini, c'est toujours pour se retrouver face à un nouvel adversaire venu lui prendre sa vie, quitte à mourir avec honneur sous sa lame.
Si le récit se permet un interlude paisible en début de tome, c'est pour mieux rappeler l'enjeu principal de la quête de Myamoto : rencontrer sur sa route des sabreurs comme Kojiro. Ce dernier s'avère des plus impatients, tel le lecteur qui brûle d'envie d'admirer ces deux là en action. Rapidement Inoue nous transporte à nouveau vers l'effort sur-humain de son héros qui laisse derrière lui une cinquantaine de cadavres déjà entamés par des corbeaux affamés. Au milieu de ce charnier, son sabre comme prolongement de sa main, voire de son corps tranche, sectionne et prend la vie de ceux qui n'ont plus qu'une idée en tête : abattre ce démon par tous les moyens.
Ainsi la boue gicle des pieds ennemis pour atteindre le visage du guerrier solitaire, et nous offre la vision même de ce dernier à travers des dessins censés représenter une vision brouillée et donc étriquée. Takehiko délaisse alors un instant son dessin réaliste pour proposer un regard subjectif à travers les yeux de son personnage. Des planches saisissantes qui augmentent la tension en cours et plongent davantage le lecteur au cœur de l'action, au plus proche de ses pensées.
Comme à l'accoutumée, un flashback permet de mieux cerner l'histoire et la personnalité de l'adversaire principal et donc d'apprécier son départ avec plus de regrets. Si le calme succède à la tempête, l'art du katana a surpassé le nombre et entraîne évidemment l'envie de plus en plus pressante que Musashi entame un nouveau duel privilégiant la qualité à la quantité. La dernière page va dans ce sens, pour notre plus grand plaisir.
8.5