Tir Nan Og 2. L'héritage

S tephen, jeune orphelin, est poursuivi pour une raison inconnue par des êtres magiques, les menaçants tecknées, d’une part, et le prince Thomas, d’autre part, qui prétend appartenir au monde des fées. Le jeune garçon est séparé de son groupe d’amis avec lesquels il avait jusque là survécu dans les bas-fonds de la ville. Il est alors recueilli par la famille d’Adam, un jeune homme maladif, avec qui il est uni par des liens magiques et de sang puisqu’ils seraient frères. Une vie nouvelle s’ouvre à lui et les difficultés, dangers et fées étranges semblent loin derrière lui. Semblent seulement…

Le premier tome de cette série avait planté un décor qui se voulait réaliste en plaçant l’histoire dans le cadre de la « grosse pomme » à l’époque où elle voyait débarquer des bateaux entiers d’immigrants pauvres. Le deuxième s’ouvre sur le même contexte mais celui-ci évolue rapidement. Tout d’abord, à la suite du héros, le lecteur appréhende une autre facette de la vie de cette période en découvrant fugacement la vie bourgeoise. Ensuite, l’aspect fantastique acquiert de l’ampleur. Lui qui n’avait été qu’esquissé dans le volet initial prend ici plus de consistance. L’utilisation de références classiques, telle l’apparition de roi Obéron, va sans ce sens. Il en est de même pour certains passages qui se déroulent entièrement à Tir Nan Og, mettant en scène les dissensions, symbolisées par l’opposition des partis de Downfall et de Thomas, qui touchent le royaume. Les relations entre le monde réel et le monde féerique prennent forme. Tous les enjeux ne sont pas révélés mais cette interpénétration des deux univers permet de mieux comprendre les rapports et motivations des différents protagonistes, même si cela devra par la suite être approfondi pour la cohérence de l’histoire.

Outre ce développement de l’ambiance fantastique, l’histoire évolue aussi de manière inattendue et certains rebondissements peuvent déconcerter. Le schéma reliant les différents personnages, et qui nous avait été présenté dans le tome précédent, est fortement chamboulé. Certains ressorts scénaristiques, comme la séparation de Stephen de son groupe d’amis ou l’apparition de la famille d’Adam, peuvent surprendre. Les auteurs multiplient les pistes et il est encore trop tôt pour se faire un avis définitif. Néanmoins, certains choix sont prometteurs. Ainsi, le personnage de Rumpleznick est mis en avant et il semble avoir un certain potentiel.

Le dessin s’est globalement amélioré même s’il est encore parfois inégal, notamment au niveau de certains visages et attitudes qui sont assez figés. Les couleurs collent assez bien à l’ambiance générale. Ainsi, les teintes utilisées pour la monarchie de Tir Nan Og sont froides et traduisent le repli de ce monde sur lui-même et les déchirures qu’il subit.

L’histoire se complexifie avec l’apparition et le développement de certains personnages. Le scénario donne l’impression de partir un peu dans tous les sens, ce qui peut amener le lecteur à oublier un peu la trame générale. De ce point de vue, il serait souhaitable que certaines réponses soient apportées dans les tomes à venir, ne serait-ce que pour recadrer un peu le tout. Néanmoins, malgré les approximations, ce récit fantastique reste plaisant à lire.

Chronique du T.1 : Tir Nan Og tome 1

Moyenne des chroniqueurs
6.0