La forêt de Miyori 1. La forêt de Miyori

S uite à la séparation de ses parents, Miyori, jeune fille de 11 ans, citadine de Tokyo, est confiée à ses grands-parents paternels qui demeurent à la campagne. Ses relations avec les êtres humains sont pour le moins difficiles : Yukihito, un garçon de l'école qu'elle s'apprête à quitter, est le seul pour qui elle arrivait à éprouver un peu de sympathie. Quant à sa vision des adultes, elle est particulièrement négative. Son immersion forcée dans le milieu naturel va très rapidement lui dévoiler une particularité déjà connue de sa grand-mère : elle est capable de voir et de communiquer avec les êtres étranges qui peuplent la forêt.

Renvoi à l’imaginaire japonais via un foisonnement de Yõkais, aventure digne d’un épisode du Club des cinq d’Enid Blyton, mise en évidence du coté apaisant d’une nature pour laquelle l’homme peut présenter un véritable danger, difficulté des enfants à appréhender les problèmes d’adultes... autant de thèmes qui composent ce nouvel album D’Hideji Oda, un auteur déjà publié en France avec Dispersion et Le terrain vague

L’ouvrage propose un univers très riche, à l’image de son graphisme détaillé. Les regrets qui surgissent en fin de lecture en sont d’autant plus grands. Les liaisons entre les épisodes sont parfois si peu évidentes qu’elles interrogent sur la possibilité d’un oubli ou d’une inversion. L’épilogue, rapporté pour clore cet album en one-shot, ajoute à la confusion. Si la douleur et les rancoeurs d’un enfant tiraillé par des problèmes familiaux peuvent être compréhensibles, le regard porté sur les adultes est extrêmement négatif. Il y a un coté malsain à laisser une jeune fille de onze ans proférer des leçons de vie et de morale à l’encontre de ses parents, lui accordant de surcroît une certaine légitimité. Les problèmes liés à la protection de l’environnement sont plus exposés que réellement traités.

L’éditeur conseille la lecture de La forêt de Miyori à partir de douze ans. Il est à espérer que beaucoup d’enfants de cet âge préfèreront se laisser porter par des rêves enchanteurs ou par des clins d’oeil qui, souvent avec humour et sous forme de caricature, sont portés sur les particularités et les aspirations spécifiques à leur tranche d’âge, plutôt que de s’engouffrer dans des ouvrages à ce point pessimistes à l'égard de la nature humaine.

Moyenne des chroniqueurs
5.5