Shiori et Shimiko 4. Le Poisson noctambule

S hiori et Shimiko sont deux lycéennes tout ce qu’il y a de plus ordinaire excepté cette fâcheuse tendance qu’elles ont de se retrouver mêlées à des histoires étranges, voire glauques.

Les tomes précédents pouvaient perturber le lecteur néophyte qui découvre ce genre particulier qu’est l’horreur. En effet, il y avait un mélange assez dérangeant entre un contexte banal, les situations parfois peu ragoûtantes auxquelles étaient confrontées les deux héroïnes et les réactions de ces dernières relativement peu perturbées par ces événements le plus souvent menaçants : hôpital sanglant, poétesse macabre, monstres de tout poil, fantômes meurtriers…. A croire que rencontrer des morts, des créatures bizarres et autres « joyeusetés » du même acabit est une activité tout ce qu’il y a de plus anodine. Il se dégageait de tout cela une atmosphère pour le moins déstabilisante pour ne pas dire malsaine.

Avec ce nouveau tome, la trame générale évolue. L’horreur est toujours présente mais moins prononcée. L’auteur semble avoir préféré mettre l’accent sur une thématique fantastique teintée d’épouvante. L’aspect parfois sordide des premiers albums de la série s’estompe au profit d’un scénario plus onirique. Ainsi, les deux protagonistes se retrouvent dans des mondes inconnus, à la poursuite de poissons étranges et dangereux, elles se perdent dans une bibliothèque maudite et doivent faire face à une guerre entre bibelots. L’histoire commence également à se doter d’une ossature plus organisée. Ce troisième volet est toujours composé de nouvelles, huit pour être précis, ce qui pourrait donner l’impression d’une histoire « hachée », mais l’apparition de personnages récurrents, certes tous plus bizarres les uns que les autres, donne quelques repères au lecteur. Cette histoire est également l’occasion d’effleurer la richesse du monde des esprits japonais car l’auteur s’en inspire parfois et certains monstres et légendes sont fortement influencés par ces mythes. Il y a également quelques clins d’œil à la culture occidentale à travers les références à Lovecraft et au projet blair witch, entre autres. Ce tome est un peu plus léger et provoque même parfois quelques sourires. S’il est possible d’apprécier un ton moins déstabilisant, il faut néanmoins noter que le dessin n’évolue pas et reste assez moyen.

On assiste donc à un léger changement d’orientation quant à la mise en scène de ces histoires horrifiques. Mais le tout reste quand même assez particulier et cela nécessite de s’accrocher un peu pour rentrer dans l’histoire.

Moyenne des chroniqueurs
6.5