L'idiot (Kang) 1.
J
i-Rho est une jeune femme qui a tout pour elle, assez jolie, talentueuse et exerçant sa passion, le piano. Mais pour une raison inconnue et après avoir passé une dizaine d’années à l’étranger, elle revient habiter chez ses parents en Corée. Elle se retrouve alors plongée dans ses souvenirs et au fil d’errances dans le quartier de son enfance elle croise des connaissances d’autrefois, notamment Seung-Lyong dit « l’idiot », retardé mentalement, et avec qui elle semble partager un lien particulier.
L’auteur, Kang Full, n’en est pas à son coup d’essai. En Corée, certains de ses livres ont été adaptés au cinéma. Il a écrit dans différents registres : politique, sentimental, etc. Un de ses titres a déjà été édité en France. Il s’agit d’Appartement, déjà publié dans la collection hanguk, et qui avait pour thème une histoire fantastique dans la veine du film Ring . Avec l’Idiot, l’auteur change complètement d’atmosphère. En effet, cette BD coréenne, ou manhwa, dépeint la vie quotidienne d’un petit quartier tranquille et s’attarde sur les sentiments des différents acteurs du récit. L’un des intérêts de ce titre repose sur les relations tissées dans le passé entre les différents personnages et leurs conséquences . Ces rapports étant tous plus ou moins liés à Seung-Lyong, autour duquel gravitent des personnages fragiles, un peu paumés mais attachants. L’adoption successive de différents points de vue permet de mieux comprendre leurs sentiments, leurs choix et leurs interrogations. Le recours dans l’histoire aux nombreux souvenirs et flash-back, habilement mis en scène par des images sous forme de pellicules photo et par l’usage du flou, renforce l’immersion du lecteur dans les pensées et le ressenti des différents protagonistes.
Il semble y avoir un décalage entre l’histoire et le dessin. Le scénario, sans être trop grave ou tomber dans le sentimentalisme exacerbé, peut sembler desservi par un graphisme en apparence simpliste. Il n’en est rien. L’aspect enfantin du dessin correspond à la tonalité un peu nostalgique de cette histoire pleine de souvenirs, de musique, d’amitié et d’amour. Il y a bien quelques défauts. Ainsi, le personnage de Sang-Sou, voyou bourru au grand cœur, peut laisser une impression de déjà vu. Certaines questions ne trouvent pas de réponses dans ce premier volet (la série devrait faire deux tomes). Mais ces petites imperfections ne nuisent en rien à l'histoire, véritable ode à l’acceptation de la différence et de soi même.
L’Idiot fait partie de ces BD que l’on repose avec un sourire apaisé.
6.0