Le protocole du tueur 1. 1/1 Le tueur à la ficelle
A
près avoir enfin achevé leur interminable saga, les auteurs du Triangle Secret reviennent aux affaires avec un projet plus classique : un bon vieux polar, dont l’inspiration sautera rapidement aux yeux des amateurs de séries TV. L’excellent State of Play comporte en effet pas mal de similitudes avec cet album, dont le cœur du sujet : un politicien en vogue est impliqué dans le meurtre d’une jeune femme, et son meilleur ami est le policier qui enquête sur le crime. Si la BD est au niveau de la série, les amateurs vont se régaler.
Le premier tome s’avère en tout cas prometteur. Scénario dense, rebondissements inattendus, personnages bien imaginés (notamment le duo de flics composé du héros et de son mentor à la retraite), les meilleurs ingrédients sont bien présents, il reste à faire prendre la mayonnaise. Comme Convard n’en est pas à son coup d’essai, l’ensemble s’avale donc avec le rythme qui sied à ce type de récit : soutenu mais pas non plus échevelé, juste ce qu’il faut pour ne pas s’ennuyer. L’originalité n’est pas forcément de mise au départ mais l’intrigue est idéalement relancée à mi-chemin par un coup de théâtre et un enchaînement machiavélique qui changent complètement la vision de cette histoire. La question essentielle passe alors de « qui est le coupable » à « comment untel va-t-il s’en sortir ? ». Ce n’est pas encore Death Note, mais cette petite astuce permet à l’album de s’écarter de la routine du polar traditionnel et entretient l’intérêt beaucoup plus sûrement que l’habituelle traque de serial-killer entrevue initialement.
Cette relative fraîcheur se retrouve aussi dans le graphisme, surtout dans les couleurs de Paul, contrastées et plutôt vives, ce qui est inhabituel pour les histoires policières. Le dessin de Falque est quant à lui à l’image de ses récentes productions : ses détracteurs y retrouveront ce qu’ils n’aiment pas chez lui, ce côté grimacier de certains visages et une manie assez exaspérante de ne pas détailler les traits sur des plans plus éloignés. Mais il faut lui reconnaître une ambiance réussie, des décors irréprochables, une mise en images sobre et suffisamment efficace pour que ce qui dérange s’oublie au bout de quelques minutes.
L’entrée en matière est donc réussie, reste à voir si les auteurs ne s’égareront pas en chemin comme ils l’ont fait parfois lors de leur précédente collaboration.
7.0