Muowang - Les Éveillés 1. La malédiction de han

Muowang, Les Eveillés est le fruit d'une collaboration franco-chinoise entre Jean-Luc Istin, auteur phare de la maison toulonnaise et directeur de la collection Soleil Celtic, et Daxiong (Guo Jing Xiong), grand nom de l'illustration chinoise. Avant de parler de l'album en soit, saluons l'initiative des éditions Soleil de mettre en avant les talents de Chine, jusqu'alors essentiellement représentés par les publications de Xiao Pan, avec la publication de cette série et de Nüwa, les 7 Immortelles, à paraître fin 2008.

''Nous nous sommes réveillés, un à un, dans cette citadelle, tous frappés d'amnésie. Personne ne semble savoir comment il est arrivé et ce que nous faisons là. Dehors, une armée inconnue, nous assiège et nous ignorons pourquoi. Il semble que nous ayons été désignés pour défendre cette forteresse contre cet ennemi. Ceci dit, nous sommes si haut perchés, que toute l'armée du monde aura bien du mal à en pénétrer les enceintes...'' Kamala, danseuse indienne.

Si l'idée de départ du récit n'est pas sans rappeler le film Cube, sa construction est, quant à elle, analogue à celle de la série télévisée Lost. Ainsi, parallèlement à l'exploration de la citadelle, chaque tome sera consacré à l'un des protagonistes et à son passé, sous forme de flash-backs habilement introduits et riches en informations. Le scénario de Jean-Luc Istin se révèle malgré tout suffisamment original et bien mené pour se démarquer dans un genre surexploité. Outre les mystères autour du lieu de l'histoire, l'intérêt de la série réside dans la galerie de personnages. Au nombre de cinquante et tous d'ethnies différentes, ils vont devoir cohabiter et survivre malgré leurs différences d'âge, de culture et de religion. Jetant les base d'un projet ambitieux, la Malédiction de Han est un premier tome convaincant et accrocheur qui se finit, bien entendu, en un cliffhanger des plus frustrants !

La finesse et l'élégance du trait de Daxiong sont véritablement emblématiques du style épuré de l'école graphique chinoise. Bien que certaines séquences laissent perplexes, notamment l'ouverture d'une trappe cachée, on ne peut que souligner l'excellente facture du dessin et le dynamisme des scènes à grand spectacle (combat, course-poursuites). La diversité culturelle des personnages pousse le dessinateur à apporter un soin particulier aux détails physiques et vestimentaires, de sorte à faciliter la distinction des origines de chaque figurants. De même, la citadelle regorge de vastes pièces, à l'architecture variée, illustrées de manières vertigineuses et fourmillants de détails. Enfin, la mise en couleurs informatique, aux tons relativement doux et pastels, instaure une ambiance mystique bienvenue.

Jolie surprise des éditions Soleil, ce premier tome au scénario original et au graphisme léché introduit de belle manière une série à découvrir.

>> Découvrez les 8 premières planches de l'album

Moyenne des chroniqueurs
7.0