Ether (Jarry/Lapeyre) 1. La voie du Setta - Première partie
A
ux confins de l'univers, malgré la menace d'une tempête d'Ether appelée la Dévoreuse de Mondes, vivent paisiblement quelques humains sur la planète Sio. Alors qu'une terrible épidémie fait son apparition, une jeune fille dotée d'un rare pouvoir et son mentor, un aventurier aux origines mystérieuses, partent à la recherche de l'antidote dans les villes avoisinantes.
En voilà un nom étrange pour une série : faut-il penser que des lectures répétées ou un usage détourné provoquent des mouvements incontrôlés, des spasmes, une incapacité à parler intelligiblement ? C'est en tout cas ce qui est attendu en cas d'abus de la substance homonyme. Revenons-en à l'usage normal : l'éther a des propriétés anesthésiantes... On n'ira pas jusqu'à penser que le choix du titre relève d'une forme d'autodérision, mais le rapprochement est facile, tant cette histoire est convenue et manie sans aucune modération les poncifs du genre.
La donzelle est jeune, pas trop belle mais pas mal quand même, dotée d'un pouvoir épatant et mystérieux, et elle a un coeur gros comme ça : au mépris des coutumes et des risques, elle l'utilise quand bon lui semble, au grand dam du beau gars ténébreux qui la chaperonne (mais qui aime bien quand même son côté rebelle, ça lui rappelle sa jeunesse, etc..). Un benêt qui ne sert à rien les suit à distance dans leur quête, il est amoureux mais elle l'ignore, le pauvre ! Insupportable, mais bon, il est pratique pour dénouer un problème scénaristique : cette fois-ci pour les sauver, la prochaine pour les trahir ? On a oublié de dire que c'est ni plus ni moins la fin du monde qui se joue ! Tous ces scénaristes sont quand même sacrément inconscients de systématiquement laisser le destin de populations entières entre les mains de héros à peine sortis du centre de formation !
Qui aime bien châtie bien : Nicolas Jarry a suffisamment montré son talent de scénariste, par exemple dans La Rose et la Croix, Maxime Murène, Les chroniques de Magon, pour qu'on ne lui reproche pas cette histoire très ordinaire, à la fois trop simpliste par son déroulement, et trop complexe en ce qui concerne les noms, les lieux, les enjeux. Un malheur n'arrivant jamais seul, le dessin lui-même n'est pas à la hauteur : c'est pourtant Guillaume Lapeyre qui officie, comme sur les Chroniques de Magon, mais un trait plus naïf et surtout des couleurs acidulées désagréables finissent par avoir raison des plus patients.
Cette nouvelle série est donc une vraie déception, dans un genre qui les collectionne : une chance de passer inaperçu pour un duo d'auteurs qui a déjà montré qu'il pouvait faire infiniment mieux.
3.7