Malefosse 1. L'escorte

B ien avant de devenir le mercenaire sillonnant la France déchirée par les guerres de Religion dans les chemins de Malefosse, Gunther avait déjà connu une jeunesse agitée. C’est celle-ci que François Dermaut choisit de narrer ici en compagnie d'un nouveau venu, Xavier Gelot au scénario.

Tandis que la série mère vivote sans réellement créer l’événement au rythme d’un tome par an, le concept de la préquelle est un habile moyen de ramener sous les feux de la rampe une série qui avait emballé les amateurs de BD historique il y a une vingtaine d’années. Rompant avec une tradition narrative d'aventures chevaleresques et distinguées (les Trois Mousquetaires...), les auteurs avaient privilégié le réalisme d’une période d’une terrible brutalité, où l'honneur et la moralité demeuraient des préoccupations tout à fait accessoires quand il s’agissait simplement de survivre.

Reprenant ce qui a fait le succès du départ, les auteurs ont conservé cet ingrédient, qui est ici magnifié par un dessin en couleurs directes des plus réussis. A la façon d’un Hermann dans Bois-Maury, cette technique permet à un Dermaut dont les progrès sont spectaculaires quand on se remémore le premier tome, de marquer les traits des personnages, et d’accentuer ainsi la dureté de l’époque. Qui plus est, le dessin ne souffre pas de cet aspect figé qui est souvent le contrecoup de superbes couleurs. Le scénario est quant à lui plutôt convenu (trahison familiale, fuite, héritier fougueux, amour impossible…) mais développé sur un rythme dynamique, les dialogues sont travaillés avec un vocabulaire d’époque mais ne sont jamais pesants.

Sans verser dans le stéréotype hollywoodien façon Scorpion, Malefosse rafraîchit efficacement le genre capes et d’épée et donne envie de se replonger dans les quinze tomes de la série originelle, dont le dernier est paru dans une relative indifférence en ce début d’année. Habile moyen, vous disait-on…

Moyenne des chroniqueurs
7.0