Jazz Maynard 1. Home Sweet Home

À Barcelone, dans une pièce vide, deux hommes sont ligotés : Jazz Maynard et Téo subissent un interrogatoire musclé, confrontés à des molosses américains. Exilé à New York, Jazz n’était pas revenu dans sa ville natale depuis dix ans. Mais trois jours plus tôt, il a reçu un courrier désespéré de sa sœur, aux prises avec une bande de mafieux après être partie à la recherche de son frère.

Premier tome d’une trilogie, Home Sweet Home est également le premier album traduit en France de Raule et Roger, deux auteurs espagnols. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont réussi leur entrée ! Ils signent ici un polar noir, violent et explosif, dont la narration est rythmée par de nombreux flash-back, un petit peu à la manière de Poison de Astier. Loin d’être confus, le récit est très fluide et cohérent, à condition tout de même d’être suffisamment attentif pour reconstituer la chronologie des évènements. Ainsi, l’intrigue a beau être plutôt classique, elle n’en est pas moins captivante, d’autant plus que Jazz avec ses facultés exceptionnelles demeure énigmatique et que de nombreuses questions troublantes restent en suspend.

La très bonne surprise vient tout autant du graphisme de Roger, d’une remarquable maturité dans un style personnel. Son trait semi-réaliste est d’une grande clarté, tout en étant extrêmement vif et nerveux. Les couleurs sont quant à elles assez sobres dans des tons ocres chaleureux et donnent à l’ensemble une saveur particulière.

En fait, la seule réelle faiblesse de l’album est sa couverture. Sans critiquer la qualité du dessin, comment s’imaginer, en la voyant, découvrir une telle histoire ? Entre le titre, Jazz Maynard, et notre héros trompettiste qui y figure, il est probable que ce sont avant tout les férus de musique qui seront attirés. C’est regrettable car cela risque de priver les amateurs de polar d’un excellent cru, et de freiner un succès pourtant amplement mérité.

À voir : Le blog de Roger Ibàñez Ugena, alias Roger.