Les carnets du gueuloir 1. Jos
Les hommes ne naissent pas tous égaux. Pour certains, c’est comme si le malheur s’était agrippé à eux dès leur naissance et ne voulait plus les lâcher. Comme la poisse.
Pour ceux-là, la haine, l’injustice…
Et au bout du chemin, la mort. Au mieux.
Au pire, le bagne dans la moiteur du trou du cul du monde, au-delà des mers, chez les damnés de la Terre.
Mais Jos ne veut pas mourir. Pas sans avoir remis son histoire à l’endroit.
Quitte à devenir une brute au pays des brutes….
La couverture de cet album, dominée par un noir profond, interpelle. Elle ne s’apparente à aucune autre alentours. Elle donne l’envie de se saisir de la BD, de l’ouvrir : une incontestable réussite. La chose que l’on remarque alors, c’est l’objet en lui-même : un beau papier, épais, de belles finition, soignées… Le visage présenté au lecteur d’emblée donne le ton de l’album : un regard dur, des traits bruts, un titre « JOS » composé d’une multitude de traits nerveux, tout concourt à se demander quelle histoire pourrait bien concentrer tant de violence et de haine…
L’histoire c’est celle de Jos…
Condamné à tort pour meurtre et envoyé au bagne,
Condamné à entendre ce mot d’un anonyme sur son passage « MAUDITS »
Maudit, maudit, maudit… comme si le malheur, pour toujours l’avait marqué dès sa naissance.
Le scénario n’est pas très original : la lutte d’un homme pour survivre dans un milieu hostile et s’en sortir. Mais il est bien construit, dynamique et plaisant à lire, suffisamment riche en événements pour qu’on en attende une suite…
C’est le dessin cependant qui accroche : peu de coups de crayons, juste ce qu’il faut. Mais une mise en couleurs qui fait l’essentiel : tantôt colorée et joyeuse pour l’insouciance, tantôt sombre et violente quand l’histoire s’y prête.
Un élément ressort toujours : les yeux. Ils sont le centre du dessin, ce qui lui donne sa vie. Ils rendent les visages expressifs, leurs donnent force et crédibilité, et nous permettent de ressentir l’oppression, l’angoisse, la moiteur environnante ..
… et un espoir ténu parfois.
Si cet album était
Une couleur : le noir
Un lieu : Cayenne
Un verbe : survivre
Par Maki
Tout d'abord, le scénario d'Oliv' est un modèle de clareté et de fluidité malgré de nombreux flash-back ; la narration passe de la première personne à la troisième personne avec une facilité déconcertante.
L'histoire nous transporte d'un bout à l'autre de l'album sans que jamais l'envie de lever les yeux ne nous prenne.
L'ambiance est glauque, l'atmosphère est moite, les personnages sont des durs à cuire et tout cela transpire du dessin de Poulos. Avec leurs visages coupés au couteau, les personnages de cette histoire ont de "vrais gueules". Le trait torturé de Poulos traduit fidelement les émotions "négatives" des personnages (haine, colère, desespoir), et lors des brefs instants de repis et de bonheur éphémère, le trait se fait plus doux, plus lisse.
Toutefois le dessin présente quelques imperfections qui trahissent la jeunesse de l'auteur (les personnages ne sont pas toujours très ressemblants d'une case à l'autre, il y a aussi des petites erreurs de proportions) ; on ne lui en tiendra pas rigueur.
Si on rajoute à cela des couleurs chaudes, réalisées par Meunier, on obtient une des BD les plus complètes depuis le début de cette année.
Derniers éléments de satisfaction :
- la couverture, dont la beauté a motivé mon achat, reflète parfaitement le contenue de l'album (force et noirceur).
- La qualité des matériaux utilisés pour la réalisation de cet album par "Petit à Petit" qui je l'espère deviendra grand.
8.0