L'ivresse des fantômes 1. Lili fleur bleue
A
près plusieurs années passées à dealer du katazur – un hallucinogène puissant –, Lili profite du retour inopiné de son père pour changer de vie. Hélas, on ne quitte pas aussi facilement un tel milieu. De plus, Lili se retrouve involontairement au centre d’une affaire mêlant des trafiquants, des flics véreux, des amis tordus, un ex-petit ami ingérable et un père plein de surprises.
Après le succès d’estime et public d'Alim le Tanneur, le simple nom de Wilfrid Lupano sur un nouvel album attire l’attention et suscite un sentiment favorable. Le problème, c’est qu’en général, le nom est écrit assez petit : Morgann s’est donc chargé de réaliser une couverture étonnante, capable d’attirer tous les regards, et la réputation du scénariste faisant le reste… c’est gagné : vous avez l’album entre les mains !
Encore faut-il ne pas le reposer de suite et digérer les couleurs - numériques, bien sûr -
plus que vives, exagérément contrastées mais qui typent assez bien cette histoire, sorte de thriller SF « cool ». Cool… car il y est question d’une jeune dealeuse à la moralité discutable, mais bien sûr sympathique, empêtrée dans des problèmes où de vrais méchants mettent ses petits travers en perspective. Le parti pris d’une telle héroïne est audacieux, d’autant que la présentation initiale ne la montre pas sous un jour très favorable. Mais Lupano commence à bien connaître son affaire et ne traîne pas en route : quelques pages lui suffisent pour planter le décor et lancer l’intrigue, le capital sympathie de la donzelle se révélant dans un second temps. L’histoire en elle-même n’est d’ailleurs pas ébouriffante mais le rythme est suffisamment enlevé pour garantir un bon divertissement.
Côté graphisme, pour un premier album, Morgann s’en tire plus qu’honorablement avec un dessin moderne et dynamique qui colle bien avec l’univers décrit. Les couleurs gaies donnent un côté « animé » à l’ensemble même si certains passages sont trop sombres. Par ailleurs, souffrant sans doute de l’absence de personnages secondaires intéressants à part peut-être une fliquette binoclarde dont on pressent le tempérament volcanique, l’album manque un peu de fond. Vite lu, il laisse néanmoins une bonne impression grâce notamment à son final accrocheur. Un ton en dessous d’Alim, Lupano maintient le cap…
6.3