Husk 1. Monkey brain
F
utur proche : la technologie est omniprésente, la robotique prend une part de plus en plus importante dans le quotidien. La société Arnold a inventé un concept de robots géants pilotés par des humains, grâce à des connexions ultra-rapides directement implantées dans le cerveau. La police bénéficie gracieusement et en priorité de cette technologie, mais l’éthique est malmenée quand l’industriel commence à vouloir organiser lui-même l’enquête sur un mystérieux piratage de ses engins.
Enfin une série SF qui sort des sentiers battus ! Les influences sont perceptibles (Ghost in the Shell…) mais le pitch est assez novateur, le graphisme est spécial et sera diversement apprécié : L’Homme et Boudoiron ont incontestablement réussi à concocter une nouvelle série qui réveillera l’amateur pas vraiment gâté par les dernières nouveautés du genre.
Il faut quelques pages pour se mettre en condition : Frédéric L’Homme a décidé de ne pas prendre les choses à la légère et ensevelit littéralement le lecteur sous des informations techniques d’une utilité narrative discutable, mais qui ont le mérite de planter le décor : un futur désenchanté qui fait la part belle aux machines, dans lequel les humains tentent de sauvegarder ce qui leur reste de valeurs. Un concept à la Philip K. Dick, sans le côté psychologique : l’intrigue souffre d’une mise en place assez laborieuse et de l’absence de personnages charismatiques qui soulignent habituellement le côté désincarné de ces mondes étouffés par la technologie.
Avec une certaine dose de concentration, on passe cependant outre ce démarrage difficile, d’autant plus que l’action prend le relais. Le combat spectaculaire entre robots, passage obligé de ce type d’album, vaut le détour et corrige l’impression initiale. Le dessin en particulier prend toute sa mesure : Arnaud Boudoiron excelle dans la mise en scène et fait preuve d’un sens du mouvement particulièrement efficace. Ses machines, bizarrement pataudes à l’arrêt, se révèlent alors sous un jour singulièrement différent grâce à la grande fluidité du trait. L’infographie, même si elle est ici totalement maîtrisée, n’est pas d’un grand secours pour les personnages, très fades, mais elle permet des effets de lumières assez intéressants, toujours pour les scènes d’action.
Husk, à l’image des machines qu’on y rencontre, est à la fois très pointu sur certains aspects et largement perfectible sur d’autres. Terriblement humain, en somme, ce qui est assez amusant au regard du thème défendu. Le scénario, au potentiel encore largement sous-développé, est le paramètre le plus intéressant mais c’est paradoxalement un autre scénariste, en l’occurrence Louis (Tessa), qui va signer le deuxième épisode. Une stratégie assez curieuse, voire déroutante : alors que l’impression est plutôt favorable pour ce premier volet, c’est avec une certaine réserve qu’on abordera le prochain.
7.3