L'Étrange petite Tatari 1. Volume 1

T atari Kamino est une jeune fille renfermée sur elle-même, mais dont la timidité cache difficilement son envie dévorante de se faire des amis. Malheureusement, détestée de tous ses camarades de classe pour son apparence et son comportement parfois excentrique, elle subit quotidiennement les quolibets et les vexations des autres enfants. Mais pour chaque moquerie ou chaque méchanceté la visant, une revanche terrifiante voit le jour. Car Tatari Kamino porte bien son nom : La malédiction divine.

Kanako Inuki est une auteure culte au Japon, et sa série La femme défigurée est déjà parue en France, attirant l’attention sur son style graphique atypique et son horreur teintée d’humour noir.

Mettant en avant les brimades subies par de nombreux élèves au Japon, cette série aborde le sujet de biais, offrant enfin à la victime une vengeance à la hauteur de l’affront subi. Si un élève tue ses amis les chenilles et s’en prend à elle dès qu’elle veut les défendre, Tatari le maudit d’une voix sépulcrale, et il devra bientôt faire face à un harcèlement en règle de chenilles qui viendront lui pourrir la vie jusque dans son lit, jusque dans sa nourriture, jusque dans ses rêves… Avec une hargne jubilatoire, l’auteure se fait donc un malin plaisir à torturer les bourreaux habituels, leur infligeant des supplices qui font froid dans le dos en juste retour des ignominies qu’ils avaient perpétrées jusqu’alors.

Dessinée tout en rondeur, Tatari a un visage parfois inquiétant, mais toutes les personnes qui l’entourent ne sont que rarement plus attrayantes. Entre une jeune fille étincelante de beauté au naturel, mais qui fait remarquer qu’elle ne ressemble plus à rien lorsqu’elle rit, et une professeur cachant sa méchanceté derrière un masque de beauté irréprochable, pas un personnage n’est épargné. Ce dessin exploitant la carte du grotesque est régulièrement contrebalancé par un humour sombre et une naïveté très infantile.

À la fois drôle, tendre et inquiétant, ce premier volume des petites malédictions quotidiennes de Tatari est une réussite dans son genre. Le dessin pourra rebuter les moins curieux, mais les autres s’attacheront bien vite à cette jeune fille pas comme les autre.

Moyenne des chroniqueurs
7.0