Le maître de Benson Gate 1. Adieu Calder

États-Unis, début du 20ème siècle. Promis à un bel avenir après de brillantes études de droit, Richard Benson revient dans la demeure familiale. Il y retrouve son frère aîné, Calder. Rustre, violent, séducteur, tricheur, celui-ci est en tout point aux antipodes de son cadet. Quant au paternel, dominateur et autoritaire, il est l’une des plus grosses fortunes de Boston, à la tête d’un empire pétrolier. Un soir, Calder entraîne Richard pour « s’amuser » en ville, mais la virée tourne mal.

Le maître de Benson Gate traite d’un sujet dont on pensait avoir fait largement le tour depuis des années, que ce soit en bandes dessinées mais aussi et surtout au cinéma. Qu’est-ce qui a donc bien pu motiver Fabien Nury à écrire cette saga familiale emprunte de luttes de pouvoir ou autres guerres de gangs aux Etats-Unis dans les années 1900 ? Si ce n’est pas l’originalité, c’est certainement la respectable idée que l’important n’est pas le sujet mais la façon de le traiter. Et en ce sens, il faut bien reconnaître que ce premier épisode est agréable à lire. L’intrigue est menée efficacement, les scènes d’action et celles plus verbeuses trouvant un bon équilibre. Certes, les protagonistes sont dans l’ensemble stéréotypés et les différentes situations assez convenues mais cela n’empêche pas d’atteindre la fin avec l’envie de lire rapidement la conclusion de ce premier diptyque, donc l’objectif est atteint.

Par ailleurs, le synopsis de la série est séduisant car les auteurs prévoient, sur les douze tomes attendus, de parcourir l’histoire du pays. Passeront en revue la révolution mexicaine, la première guerre mondiale où encore la prohibition et la montée de la mafia, ce qui promet d’intéressantes lectures, à l’image des Maîtres de l’Orge .

Graphiquement, Renaud Garreta montre un style réaliste de rigueur dans ce genre d’histoire. Lisible et des plus accessibles, on regrettera tout de même une certaine inconstance et un manque de précision. Toutefois, si la mise en couleur de ses dessins dans la série Insiders donnait un ton glacial regrettable, ici Jean-Jacques Chagnaud installe une ambiance chaleureuse et sobre tout à fait réussie.

Adieu Calder est un premier épisode ultra classique mais efficace et divertissant. Si la série tient ses promesses, rien ne devrait l’empêcher de devenir un best-seller.