Le cadavre et le sofa

P olo est un des rares garçons de son village à sortir se promener depuis que Christian a disparu. Ses pérégrinations dans la nature estivale vont amener leur lot de rencontres étranges : Sophie, jolie jeune fille dont on ne peut que tomber amoureux (malgré un doute tenace : serait elle un loup garou?), et Christian, le disparu, désormais cadavre en décomposition. Et le sofa dans tout ca ? Il aura toute sa place dans ce conte estival...

Le Cadavre et le Sofa n'est décidément pas une histoire comme les autres, se déjouant des étiquettes trop vite épinglées. Le dessin, faussement naïf (Tony Sandoval doit puiser son inspiration à mi chemin entre Dave Mc Kean et Miguelanxo Prado), nous porterait à croire que nous avons là un conte pour enfants. Pour les "grands" seulement alors, les préoccupations de Polo et Sophie ayant plus à voir avec la découverte des plaisirs de la chair plutôt que ceux de cache-cache. Quant au rôle du cadavre de Christian, il disqualifie définitivement ce livre pour toutes les chères têtes blondes de moins de 16 ans.

Non, la particularité de ce récit est plus à chercher du côté de la poésie et du rêve, la douceur du trait de Tony Sandoval se prêtant à merveille à l'indolence du rythme de l'histoire mais aussi, plus curieusement, à la cruauté qui affleure ici ou là. Polo est un rêveur, et l'histoire de son été est, à la mesure de son caractère, pour partie fantasmée.

La corde sensible vibrera bien sûr différemment chez les lecteurs et il n'est pas si facile d'emprunter les chemins de traverses de Tony Sandoval. Mais nul doute que la surprise et l'étonnement seront au rendez-vous de cette lecture atypique.

Moyenne des chroniqueurs
6.5