Camilo 2. Chapitre deux
C
amilo est un seigneur sanguinaire, un chef de guerre dont le talent exceptionnel se conjugue à un manque total d’empathie. Alors qu’il s’apprête à utiliser une arme d’une puissance dévastatrice contre les Chaarun, ses ennemis héréditaires, il se retrouve projeté avec ses principaux commandants sur une planète étrange. En effet, si lui-même vient d’un monde maîtrisant les technologies spatiales, celui sur lequel il atterrit est encore au stade médiéval, et subit le joug d’un despote tyrannique. Voici Camilo investi d'une nouvelle tâche, sur cette planète inconnue...
Après un premier volume méconnu, Olivier Jouvray (Lincoln) et Jean-Jacques Sanchez remettent le couvert, et développent plus avant l’univers qu’ils ont conçu. Si Camilo était un personnage totalement cynique et d’une cruauté absurde, pourri par son obsession (vaincre les Chaarun, une tâche qui incombe à sa famille depuis plus de deux siècles) et son inhumanité, il devra désormais faire preuve de maîtrise de soi et d’un semblant d’humilité, car ce nouveau monde n’obéit pas à un seigneur qu’il ne connaît pas…
Le graphisme de Sanchez prend de l’épaisseur, dans ce second tome, aidé en cela par une mise en couleurs toute en rondeurs de Artno. S’il ne plaira certainement pas à tout le monde, le dessin a une véritable personnalité, et souligne la dureté des protagonistes. Camilo notamment possède la gueule de l’emploi, ombrageux et hautain. Voici une œuvre visiblement inspirée par la grande époque de Métal Hurlant, de Druillet à Bilal. Hormis le style atypique, et parfois indigeste, on pourra être dérouté par un certain manque d’ampleur et de souffle, dû à une utilisation massive de gros plans et l’absence régulière de décors.
Si le premier tome pouvait laisser dubitatif, avec une histoire somme toute classique et un personnage principal résolument haïssable, ce volume intermédiaire (pivot central d’une saga annoncée comme une trilogie) remet nombre de choses à leur place. Camilo n’est pas celui qu’il semble être, et sa destinée ne sera pas nécessairement celle qu’il s’était imaginé. La narration déroutante d’Olivier Jouvray accentue la montée dans l’étrange de cette série mélangeant space opera, ésotérisme, fantasy moyen-âgeuse et politique-fiction. Et les auteurs prennent le risque de tout miser sur le troisième volume, de nombreuses questions restant posées sans que le lecteur ne puisse imaginer une réponse plutôt qu’une autre.
Une série singulière, apte désormais à captiver le lecteur qui aura su s'habituer au dessin et passer le cap d'un premier volume d’introduction passablement ennuyeux.
6.0