Le sommeil de Léo

A près un spectacle d'hypnose, un jeune homme à qui l'on a dit de dormir ne se réveille pas. Ses yeux sont ouverts, mais il est incapable de faire quoi que ce soit par lui même, attendant sans cesse de son entourage qu'il lui donne des ordres. Celui-ci se compose d'un golden-boy, de sa secrétaire et de la meilleure amie de celle-ci, ainsi que d'une traductrice qui passe furtivement dans l'album. Ensemble, ils vont tenter de le "réveiller", et par là-même se découvrir les uns les autres, avec plus ou moins de bonheur.

Grâce à Quelques mois à l'Amélie, on connaissait de J-C Denis son talent pour les albums intimistes avec des personnages antagonistes. le Sommeil de Léo ne fait pas entorse au genre, de par cette relation tendue dès l'abord et ce golden-boy que l'on ne peut trouver qu'haïssable... Cependant, la grande réussite de l'album est de faire réfléchir le lecteur sur ce sentiment qui l'assaille dès l'ouverture, en lui faisant étudier le caractère de ceux qui l'entourent pour en voir le bon côté. Toutefois, le Sommeil de Léo n'est pas le dernier fleuron de l'auto-psychanalyse, ne faisant atteindre ce cheminement que grâce à un scénario subtil et bien ficelé où s'entrelacent points de vue et avis objectifs. Le tout est assaisonné de la dose de mystère nécessaire pour avancer, amenée ici par l'hypnose, dont il faut bien avouer qu'on ne connaît ni les tenants ni les aboutissants.

Le dessin réaliste permet de se concentrer sur la trame de l'histoire, sans rien y apporter ni en retrancher. Le rendu des couleurs et leurs teintes assourdies empêchent d'entrer dans le récit, imposant au lecteur une distance qui fait se dérouler l'album comme dans un rêve. J-C Denis continue d'appliquer la recette graphique qui lui a tant réussi précédemment, ici sublimée par le superbe Munken Pure 130g de Futuropolis, qui lui est infiniment plus profitable que le papier glacé.

Le Sommeil de Léo est un album qui n'est pas forcément facile d'accès, dans le sens où il reste en surface très lisse et peu engageant. Cependant, il gagne à être lu, car son côté contemplatif permet une réflexion sur les relations entre les individus.