La belle du temple hanté
N
ing Caichen est un jeune peintre talentueux, qui voyage afin de trouver l’inspiration. Son cheminement le mène près d’un temple abandonné dans lequel il décide de s’installer quelques jours. Il y rencontre Yan Chixia, un justicier itinérant d’une grande moralité. La nuit venue, Ning est harcelé par une créature somptueuse, qui s’avère être le fantôme d’une jeune voyageuse décédée dans le temple des années auparavant. Mais son existence post-mortem est bien cruelle, et Ning décide de l’aider à se libérer du joug de la vieille sorcière qui la retient prisonnière…
Mélangeant romance, humour, naïveté et fantastique, Nie Chongrui instaure un climat léger et rafraîchissant. Le héros est en effet un parangon de vertu, et cette pureté lui sauvera la vie à maintes reprises. Mais ses réactions caricaturales en deviennent d’une drôlerie redoutable. Xiao Qian, la jeune et belle fantôme, bénéficie d’un traitement plus soigné. Soumise aux ordres de la grand-mère fantôme, elle use de ses charmes de la plus vile manière, et les souffrances qu’elle endure la rendent bien plus intéressante. Car si le point de départ, d’une simplicité enfantine, peut laisser croire à un récit destiné aux jeunes lecteurs, la suite remet les choses au clair : scènes de nus et décapitations sont de mise, et le destin tragique de Xiao Qian en remet une couche, achevant de brouiller les pistes. Mais c’est définitivement l’humour qui l’emporte, avec les poses excessivement théâtrales du héros, le maniérisme affiché des personnages et les remarques décalées des animaux.
Graphiquement étonnant, ce manhua est l’œuvre d’un véritable artisan. Le dessin est détaillé, presque sculpté sur le papier par une avalanche de hachures, et cache autant que possible les petits problèmes de proportion anatomique qui sautent parfois aux yeux lors d’une séquence dénudée. Mais l’ensemble reste gracieux et dynamique, et permet d’apprécier avec plaisir cette petite lecture anecdotique, et pourtant diablement séduisante.
Sous la forme d’un récit classique et déluré, voici donc une histoire destinée aux adultes qui n’ont pas perdu leur âme d’enfant et veulent retrouver l’humour et les coups de frayeur habituellement réservés aux contes pour la jeunesse.
À lire également, la chronique du Fils du Marchand
6.0