Hellblazer (100% Vertigo) 1. John Constantine, Hellblazer -…
J
ohn Constantine est détective. Ou médium. Ou un peu des deux, allez savoir. Il résout à sa manière les affaires les plus ténébreuses incriminant démons et autres incarnations des enfers. Chas, son ami, confident et chauffeur occasionnel l’appelle à la rescousse : sa petite fille est tombée dans le coma sans aucune raison apparente, comme plusieurs dizaines de personnes avant elle. Au désespoir, il a donc décidé de contacter celui par qui le malheur arrive. Constantine, le magicien cynique des temps modernes, qui entre en enfer et négocie directement avec les démons…
Série fleuve (plus de 200 numéros parus) et culte ayant déjà donné lieu à une adaptation hollywoodienne, Hellblazer restait étonnamment discrète de ce côté-ci de l’Atlantique. Les éditions Toth ont déjà défriché le terrain, en sortant 3 recueils, mais leur faible disponibilité ne leur a pas ouvert les portes du grand public. Panini se lance donc dans l’arène, et entame la publication par une aventure relativement récente.
Voir une citation dithyrambique de Neil Gaiman en tête de couverture, affirmant haut et fort que ce volume est « l’histoire de Constantine la plus complète à ce jour » est plutôt engageant. Et la couverture elle-même annonce la couleur : l’univers de Constantine est sombre, très sombre. Les planches de Leonardo Manco restent d’une noirceur totale, que ce soit lors des représentations du taciturne personnage principal dans son trench-coat élimé ou lorsqu’apparait un dieu de la mort bien décidé à se repaître de chair fraîche… Sans être renversant, le graphisme est donc efficace et accompagne à merveille l’ambiance glauque du récit.
Mike Carey, à qui s’adressait la prose lyrique de Gaiman, brode une histoire grand-guignolesque et sans temps mort. John Constantine devient presque héroïque sous sa plume, véritable exploit si l’on connaît son passé plus que trouble. Car s’il doit négocier sa propre survie avec plusieurs créatures totalement amorales et se complaisant dans le sang, les viscères et le malheur, il ne perd jamais de vue qu’il doit avant tout sauver une petite fille d’une damnation éternelle. Ce côté presque gentillet (mais tout reste relatif, dans le petit monde de Constantine) peut étonner ou dérouter le connaisseur, mais il offre probablement une porte d’entrée plus abordable que nombre d’histoires bien plus désespérées déjà sorties aux Etats-Unis.
Cette première publication est une réussite éditoriale : Panini a mis les petits plats dans les grands, avec une traduction de qualité, une impression et un papier à l’avenant, et une couverture intrigante. À noter aussi, un dossier copieux en fin de volume présentant un historique de la série, et permettant de découvrir la perception du personnage qu’en ont les différents auteurs s’étant succédés (de son créateur Alan Moore à Garth Ennis en passant par Paul Jenkins). Reste le choix de l’histoire publiée qui, loin d’être médiocre ni même moyenne, n’est probablement pas la plus représentative de l'oeuvre.
7.3