Le chat du kimono 1. Le chat du kimono

L a fille du propriétaire d’une filature de soie japonaise aimait se parer d’un magnifique kimono orné de chats, confectionné par le meilleur tisseur du pays, qui l’aimait en secret. Mais lorsque ce dernier voulut lui déclarer sa flamme, la belle le repoussa. Pour se venger, il réalisa d’autres kimonos aux motifs de rats et d’oiseaux et se présenta à la dame en leur possession. Les chats du kimono en furent tellement excités qu’ils en devinrent intenables, l’un d’entre eux réussissant même à s’échapper pour poursuivre une grue. Une fois la course terminée, le chat noir n’aura de cesse de retrouver son kimono natal.

Vous l’aurez compris à la lecture de ce résumé, Le chat du kimono est un récit poétique et onirique, narrant la folle épopée d’un chat en quête d’un kimono dont il fut le motif. Le livre se présente alors comme une suite de petits chapitres mettant en scènes des personnages variés tels que des marins, des joueurs de carte clandestins, une petite fille rappelant Alice de Lewis Caroll, ou encore Sherlock Holmes et le Dr Watson… Ces scènes peuvent paraître en premier lieu indépendantes, mais très vite les intrigues et les protagonistes finissent par se croiser ou se mélanger, avec bien sûr le chat en toile de fond. Dès lors, on constate combien la narration est astucieuse et maîtrisée. L’histoire se révèle ainsi d’une grande cohérence, avec une réelle ligne de conduite, contrairement à bon nombre d’œuvres sans queue ni tête dans lesquelles l’illusion ou l’extravagance servent souvent d’excuse à l’incompréhensible ou l’inaccessible.

Par ailleurs, Nancy Peña varie son style selon les chapitres. Du texte illustrant des sortes d’estampes, à la manière de certains livres de contes, alterne ainsi avec des passages entièrement muets ou d’autres plus traditionnels utilisant des phylactères, avec là encore de l’originalité lorsque l’auteur joue avec les polices de caractère ou le décalage avec la scène se déroulant en parallèle. Quant au trait à proprement parler, il est fin et élégant, d’une agréable rondeur le rendant chaleureux, en définitive parfaitement adapté à l’esprit félin du récit.

Le chat du kimono s’impose certainement comme l’œuvre la plus aboutie de Nancy Peña, qui s’affirme définitivement comme une auteur talentueuse au style personnel. Un très bel album qui prouve qu’onirisme ne rime pas forcément avec confusion.

À voir : le blog de Nancy Peña

Du même auteur : La Guilde de la mer et les nouvelles aventures du chat botté.

Moyenne des chroniqueurs
7.8