La licorne 1. Le Dernier Temple d'Asclépios
D
urant la seconde moitié du XVIe siècle, plusieurs anatomistes réputés meurent dans d'étranges conditions. Ambroise Paré, chirurgien du roi, prend connaissance de l'un de ces cas et commence à enquêter sur les circonstances de cette mort. En cherchant à comprendre, il va découvrir des choses qui dépassent l'entendement et pourraient bouleverser l'Histoire...
La lecture des deux premiers tiers de l'album est on ne peut plus fastidieuse. Le lecteur est propulsé au coeur d'une espèce de chasse à l'homme dont il ne sait quasiment rien et assiste alors à une succession de scènes où le gore côtoie le verbe rabelaisien de certains dialogues. Durant près de trente pages, la greffe du lecteur dans l'univers créé par Mathieu Gabella aura du mal à prendre, tant les informations distillées au compte goutte ont du mal à agir comme antibiotiques. D'autant plus que la multitude de personnages, simplement mentionnés ou acteurs de l'histoire, ne facilite pas la compréhension d'un scénario particulièrement dense. Fort heureusement, le dernier tiers éclaircit (enfin) plus en détails l'univers original de la série ainsi que les causes de cette chasse aux anatomistes. Dès lors, il est possible d'entrer réellement dans le récit et à en apprécier la lecture. La dernière séquence qui termine l'album par un cliffhanger finit de convaincre !
Influencé aussi bien par le troisième art (la peinture) que par le neuvième, et en particulier les comics, le style graphique d'Anthony Jean est particulièrement bluffant de prime abord. Malheureusement, la finesse de son trait et l'absence de réel contraste entre l'encrage et la mise en couleurs peuvent rendre la lecture quelque peu laborieuse. D'autant plus que les teintes sombres, bien qu'elles contribuent énormément à l'ambiance oppressante de l'histoire, perturbent la lisibilité de l'ensemble. Malgré cela, le dessin impressionne et se révèle particulièrement maîtrisé pour un premier album. Hormis les décors qui pèchent par un manque de détails, le soin apporté aux personnages et autres créatures difformes ainsi que le dynamisme des scènes d'actions sont des atouts incontestables.
Le Dernier Temple d'Asclépios se révèle donc suffisamment convaincant et prometteur pour se pencher sur la suite de ce triptyque. Cet album a reçu le prix BDGest'art 2006 du meilleur premier album : de quoi pousser les auteurs à se surpasser ? On l'espère.
6.5