30 jours de nuit

De: Marlow Roderick
Le: vendredi 16 novembre 2001, 05:44
A: Inconnu
Objet: Aucun

V-
Tout ce que je vous ai dit est vrai. J'ai déjà délégué quelqu'un pour faire tous les préparatifs nécessaires avant notre arrivée.
J'espère vous retrouver-là bas. La présence de quelqu'un tel que vous ferait de l'évènement une date importante.
Je vous ai envoyé toutes les informations utiles par coursier. Nous nous retrouverons en Colombie-Britannique et un avion nous emmènera à un point de ralliement. La localisation est précisée dans le pli. A l'heure qu'il est, nous avons dix-neuf participants.
Salutations

-MARLOW-


30 jours de nuit est un album dans lequel on pénètre à reculons, et la lumière qui accompagnera votre lecture ne suffira certainement pas à vous rassurer davantage. Le dessin de Templesmith plante de toute son approximation un monde d'ombres inquiétantes et déformées, libéré de toute source de lumière. Les couleurs, sourdes et diffuses, peinent à vous persuader qu'il s'agit là d'une bande dessinée et non d'un cauchemar éveillé. Traqué page après page, le lecteur évitera de croiser autant que possible le regard et les sourires gourmands de ces prédateurs.

L'idée de base est terriblement efficace: Barrow, Alaska, est une petite ville que la course des astres plonge une fois par an dans une nuit totale, du 18 novembre au 17 décembre. Un phénomène dont les autochtones se sont depuis longtemps accomodés, mais un véritable paradis pour Marlow et sa meute. S'engagera alors une course vers l'aube à l'issue dramatique.

Abasourdi par les rafales de vents éreintant Barrow et le moral de ses survivants, on perd vite pied, à tel point qu'il devient difficile de se repérer dans le temps. Un discret 'J'ai faim' dans la conversation des rescapés nous rappellera qu'il s'est écoulé plusieurs jours depuis l'invasion. L'immersion, renforcée par la qualité des dialogues, est pour ainsi dire totale.

Les vampires de Templesmith et Niles sont loin de l'imagerie traditionnelle qui transforma cette race de prédateurs en des êtres romantiques, esthètes à l'extrême. Non, il s'agit ici des mêmes monstres qui vous ont terrifié étant enfant: de grandes masses informes dont on ne se rappelle que la bestialité, et ces crocs acérés, goutant du sang de vos proches.

A lire si vos nuits vous sont trop paisibles...