Le scorpion 4. Le Démon au Vatican
R
ome pleure son pape tandis que l'ombre de Trebaldi s'étend un peu plus sur la cité aux sept collines. Le nom du prochain Saint-Père ne souffre désormais plus d'aucun doute et déjà les moines-soldats du futur tyran réduisent les opposants au silence. La découverte de la Croix de Saint Pierre dans sa propre demeure confèrera à Trebaldi une légitimité que la plupart des cardinaux ne lui contesteront plus. A leurs yeux, il apparaît désormais comme le dépositaire de la religion chrétienne. Les prélats dissidents n'auront d'autre choix que de retrouver la véritable croix de Pierre et ainsi dénoncer la forfaiture. Un seul homme sera, dès lors, capable de retrouver la trace de la sainte sépulture. Son nom: le Scorpion.
Cavalcades, conspirations, baisers volés et costumes d'époque, le rythme de ce quatrième tome des aventures du Scorpion semble ne jamais vouloir faiblir. De pures scènes d'action en conciliabules secrets, le scénario de Desberg relance l'intérêt de la série en inscrivant un peu plus son héros au sein d'une intrigue historique. L'idée de base est sur ce point très bien exploitée: à la chute de l'empire romain, les sept familles les plus puissantes se réuniront et d'un commun accord accepteront de mettre de côté leurs différends afin de conserver leur suprématie à travers le temps. Dès lors, la religion chrétienne sera leur nouvel instrument de pouvoir. En accord avec la volonté des auteurs de faire du Scorpion une série fleuve, la trame historique semble tout à fait propice à développer un univers riche en aventures et en retournements de situation. Le scénario distille également quelques bribes du passé du Scorpion, nous éclairant un peu plus sur le caractère du héros. S'il était un défaut à relever, on pourrait peut-être reprocher à Desberg le style ampoulé de ses descriptions et son goût immodéré pour les répliques 'qui-tombent-à-pic'.
Le dessin est somptueux. Oubliées les erreurs de proportions et l'impression de vite-fait du dernier tome de Rapaces, Marini semble ici retrouver un personnage qu'il aime voir escrimer, courir et séduire. Les mouvements lors des combats, notamment, sont impressionnants de réalisme. Et même si les visages féminins tendent un peu à tous se ressembler, les personnages restent très expressifs et les tempéraments bien trempés. Marini nous livre également une palette aux couleurs fauves qui vous installe sans peine dans cette Italie du 18ème siècle.
Au terme de ce très bon moment de lecture on ne peut cependant réprimer un certain malaise. Garce ou putain, la femme semble en effet trouver bien peu de grâce aux yeux du scénariste. Certes, l'univers du Scorpion s'inscrit dans ce registre très balisé du roman de capes et d'épées, mais cela n'empêchait en rien les auteurs de traiter ce point avec un peu plus de subtilité. L'attitude de prédateur sexuel du héros à ce titre légèrement agaçante, passée la troisième conquête.
Reste qu'une fois de plus, la conclusion de ce tome laissera notre charmeur victime d'un habituel coup de théâtre, comprettant sérieusement la réussite de sa mission. Rassurez-vous, le suspense sera de courte durée car vous retrouverez la suite de ses aventures dès novembre 2004 !
6.3