Paulot 3. Mutinerie à la ferme

L a Force est puissante chez les Skywalker ; chez les Strauss c'est la musique, et chez les Karali, c'est la bande dessinée. Edouard est connu sous son pseudonyme Edika, Mélanie signe Mélaka, Olivier signe Olivier Ka. Quant à l'ainé et pionnier en bande dessinée de la famille, Paul (ah non, il ne signe pas Polka, mais Carali), en plus d'une imagination débridée (cf. en particulier Les contes d'un conteur), il est également le fondateur d'un des rares magazines de bande dessinée adulte ayant réussi à sortir du fanzinat sans devoir renoncer à son indépendance, avec le Psikopat, qui a contribué à faire connaître bien des auteurs devenus cultes par la suite (Trondheim, Killoffer, J-C. Menu, Julie Doucet... entre autres).

Bref, Carali serait un peu le candidat idéal pour une entrée officielle au panthéon du neuvième art ("aux grands auteurs, la BD reconnaissante"), si seulement il était un peu moins abrupt. Car disons-le tout net, il y a longtemps eu dans les oeuvres de cet auteur, aussi bien les BD que les éditos, une brutalité assez cinglante.

C'est donc une très bonne surprise, alors qu'on s'attend à recevoir l'habituel gant de boxe au bout d'un ressort en ouvrant son nouvel album, de découvrir dans Paulot, Mutinerie à la ferme une oeuvre pleine de sagesse, véhiculant messages pacifiques, tolérance et un humour d'une sensibilité insoupçonnable. Paulot, auteur de BD, vit à la campagne avec des animaux qui abusent largement de sa bonté naturelle : ici, la moindre poule voudrait qu'on la considère avec humanité, voire avec amour. Quitte à convoquer toute la basse-cour pour instruire un bas-procès à l'auteur s'il n'est pas à la hauteur de leurs exigences.

Réalisé tout en couleurs aux éditions La boîte à bulles, cet album très zen est l'occasion de découvrir une facette inattendue de Carali. Une oeuvre positive et marrante, une touche d'optimisme déjanté dans ce monde de brutes !


Par Croaa

Auteur de BD en quête de calme et d'inspiration, Paulot vie dans une ferme en pleine campagne, entouré de son chat et de quelques poules. D'un naturel généreux mais taquin, Paulot joue souvent avec les nerfs de ses compagnons, sans trop se préoccuper des conséquences. C'est faire trop peu de cas de l'esprit revendicatif de ses volailles et de son chat…

Dans la famille Edika, Carali représente le gentil garçon pas trop trash. Paulot, c'est un peu de vulgarité mais pas trop, une ambiance peace and love et l'amour des animaux pour autre chose que leurs éventuelles déviances sexuelles. Un éclectisme de bon ton. Peut-être parce que c'est un touche-à-tout. Créateur du mensuel Psikopat en 1982, bassiste et chanteur du groupe Copains comme cochons et bien sûr dessinateur (ses premiers dessins furent publiés dans Pif en 1972).

Ce n'est donc pas l'album d'un nouveau venu, ni d'une nouvelle série puisque deux tomes sont parus précédemment chez ZeBu éditions. Il présente néanmoins des symptômes qui pourraient le laisser penser. Les gags tombent souvent à plat, sans provoquer de réels rires. Les réparties d'une pseudo analyse socio-animale ne font pas mieux et les dialogues entre Paulot et ses amis les bêtes n'apportent rien. Seule l'autodérision fait parfois sourire. Pour fustiger les calembours de Laurent Ruquier à longueur de page encore faut-il avoir de la matière, ce qui manque cruellement ici. L'ensemble est peu consistant.

Peut-être est-ce réservé au lecteur assidu de Psikopat dans lequel étaient bien évidemment publiées les histoires de Paulot ? Peut-être pas…

Moyenne des chroniqueurs
5.0