Un ciel radieux
U
n soir dans la banlieue de Tokyo, un dramatique accident de la route survient entre Kazuhiro Kubota, 42 ans, et Takuya Onodera, 17 ans, laissant les deux hommes dans le coma. Quelques jours après, Kazuhiro meurt sans s’être réveillé, au moment même où Takuya reprend miraculeusement connaissance. Pour autant, ce dernier ne semble pas dans son état normal, probablement amnésique aux dires des médecins. Mais en réalité, c’est l’esprit de Kazuhiro qui s’est réveillé dans le corps de Takuya. Pourquoi bénéficie-t-il d’un tel sursis ? Et pour combien de temps ?
Est-ce encore nécessaire de présenter Jirô Taniguchi, le seul mangaka à avoir su séduire les lecteurs ne jurant que par la bande dessinée franco-belge ? Depuis 2002 et la découverte de son chef d’œuvre Quartier lointain, il est en tout cas devenu un auteur incontournable avec pas moins d’une vingtaine d’albums publiés. Son style a beau être assez constant avec une narration posée, introspective et très axèe sur des sentiments simples mais universels, la diversité des thèmes abordés a longtemps permis de développer des histoires captivantes et touchantes sans jamais ennuyer le lecteur.
Malheureusement, une certaine lassitude commence à se faire sentir, confirmée à la lecture de Un ciel radieux. La formule a un air de déjà-lu avec cet homme qui se réveille dans la peau d’un autre et doit appréhender des situations du quotidien d’un être plus jeune à travers son regard mature et responsable. On se souvient évidemment du bouleversant Quartier lointain dans lequel Taniguchi avait de toute évidence mis ses tripes. Dans le cas présent, la démarche semble artificielle et donne l’impression que l’auteur n’a fait qu’utiliser une « recette payante » qu’il maîtrise. Le drame est un peu trop bien huilé et sans surprise pour être réellement marquant, d’autant plus qu’on ne se sent pas forcément très proches des personnages en définitive assez lisses.
Le résultat n’est pourtant pas déplaisant à lire, loin s’en faut, car le trait et les propos de Taniguchi, d’une extrême finesse, sont agréables et savent émouvoir aux moments opportuns. Toutefois, Un ciel adieux est un album dispensable au regard de la bibliographie de l’auteur.
7.1