Girls 2. Emergence
L
a paisible bourgade de Pennystown voit son quotidien bouleversé à jamais lorsqu'Ethan Daniels, séducteur malheureux, rencontre un soir, sur une route de campagne, une belle jeune femme muette et complètement nue ! Après avoir séduit sans difficultés le jeune célibataire en manque de sexe, l'étrange créature donne naissance à des clones d'elle-même. Ceux-ci auront alors comme buts premiers de battre à mort les femmes du village et de se faire à leur tour féconder. Face à cette menace inhumaine, les habitants du village tentent de fuir vers la ville la plus proche. Seul problème, un mur invisible les encercle et les retient prisonniers.
Grâce au cinéma et à de nombreux téléfilms, souvent médiocres il faut bien l'avouer, les invasions terrifiantes de tarentules géantes, rats par millions ou autres bonhommes verts armés jusqu'aux dents, n'ont plus de secrets pour nous. Celle de nymphomanes nues, aux formes généreuses, fraîchement débarquées d'un spermatozoïde géant, tuant à coups de poings et arrachages de cheveux les femmes et se multipliant par dizaines après fécondation, apparaît à la fois originale, surprenante et surtout complètement barrée !
Vu sous cet angle, on pourrait croire que Girls est une série qui a pour seules ambitions de faire défiler des créatures de rêves et gicler le sang à chaque coin de page. Que nenni, les frères Luna créent là une histoire qui tient en haleine le lecteur, le fait même frissonner et s'énerver par moments. Ils parviennent à instaurer, tout en conservant quelques pointes d'humour, une atmosphère particulièrement angoissante grâce à ce mur invisible, la nuit tombante et la folie qui s'empare de tous les habitants. Entre règlements de compte musclés, actes de lâcheté, accidents mortels et autres bourdes, la tension ne cesse de grimper et le pessimisme gagne les esprits : parviendront-ils à échapper à ces monstres au corps de playmates ? Enfin, le découpage du récit et le rythme s'accroissant au fil des pages rendent la lecture tout simplement passionnante, au point de crédibiliser l'histoire.
Ce surprenant thriller en huis clos est servi par un agréable dessin au style épuré qui manque sans doute de dynamisme et souffre d'un certain statisme. La répétition d'effets floutés pour parer à cela est loin d'être du plus bel effet et ne semble pas particulièrement indispensable. Dans ce tome, Jonathan Luna n'hésite pas à mettre froidement en image des scènes violentes, voire gores, pouvant choquer les âmes sensibles. Un comics à ne pas mettre entre toutes les mains en somme.
Les frères Luna continuent de frapper fort. Après une entrée en matière de qualité, ce second tome sur les quatre annoncés dépasse nos attentes et promet une suite encore plus palpitante.
6.8