La marie en plastique 1. Première partie

D ans la famille Garnier, la tension monte. Emilie et Edouard, les grands-parents, sont comme chiens et chats à longueur de journée. Françoise, leur fille qui les héberge, ne supporte plus cette situation qui se dégrade, véritable gangrène pour son ménage, même si son mari Paul et ses enfants Lisa et Tom prennent sur eux. Et si la goutte qui fera déborder le vase était cette vierge en plastique en provenance de Lourdes qu’Emilie impose sur le téléviseur ?

L'année 2006 aura vu le retour de Pascal Rabaté, attendu depuis 2001 et la fin d'Ibicus, même s’il a signé entre temps le confidentiel Bienvenue à Jobourg. Un retour déjà très remarqué avec Les petits ruisseaux qui rencontre un succès des plus mérités. Avec La Marie en plastique, en collaboration avec David Prudhomme, il signe à nouveau une chronique sociale satirique, son genre de prédilection pour lequel il a un don indéniable. Dans une ambiance rurale, les personnages sont plus vrais que nature, les dialogues sont justes et subtils, et on ne cesse de s’amuser de situations ordinaires mais loufoques et si bien racontées. C’est un album qui se déguste comme du bon vin, jusqu’à ses dernières pages plutôt inattendues qui laissent présager une suite étonnante.

Prudhomme est souvent considéré par ses pairs comme un dessinateur surdoué. Pourtant, force est de constater que s’il y avait eu un autre nom que le sien sur la couverture, celui d'un inconnu par exemple, son dessin n’aurait certainement pas suscité l’admiration. Les proportions sont hasardeuses, les personnages inconstants, il ne viendrait pas l’idée de s’y attarder. Toutefois, il s’avère être d’une excellente lisibilité, totalement au service de la narration. Une fois pris dans l’histoire, on a une réelle impression de faire partie de la famille Garnier et il est impossible de les imaginer différemment. Peut-être est-ce tout simplement ça, le génie.

La première partie de ce diptyque offre une lecture savoureuse qu’il serait dommage de refuser pour une quelconque réticence envers un graphique peu engageant de prime abord. Monsieur Rabaté, merci d’être revenu !