Les orphelins 1. Première Partie

I l était une fois un monde...

Un monde que la nuit ne cessait d'envelopper de son noir manteau constellé d'étoiles brillantes. Bien que très hautes dans le ciel, celles-ci étaient touchées par les gigantesques arbres d'une forêt sauvage qui s'étendait à perte de vue. Ce véritable berceau végétal renfermait jadis deux êtres féeriques uniques : les Orphelins. Privés de parents mais également de compagnie animale, ils passaient leur journée à s'amuser et se taquiner mutuellement. Tous les animaux étaient fascinés par ces créatures et devaient les protéger, sans jamais leur parler. Une seconde d'inattention, un animal qui ne peut refréner son flot de paroles et toute cette belle harmonie insouciante vola en éclat.

La première partie du dyptique Les Orphelins fait partie de ces albums qui touchent au plus profond de soi, au coeur de la part d'enfance qui réside en chacun de nous, sans que l'on sache vraiment l'expliquer. Le conte de Cyril Knittel transporte dans un univers extrêmement poétique à tous les niveaux. Que ce soit le dessin terriblement mignon, les couleurs directes rassurantes et appaisantes, l'histoire émouvante ou les personnages expressifs et attendrissants. Taï et Fene, les deux orphelins à la bouille craquante, touchent par leur naïveté enfantine et leur mélancolique prise de conscience de la réalité. Celle-ci se manifeste par la découverte du monde hors de la forêt et donne lieu à de superbes séquences, presque bouleversantes. Le trait et la mise en couleur n'y sont bien entendu pas étrangers tant ils se marient à merveille au ton du récit. Difficile enfin de parler de l'histoire sans en altérer le plaisir de la découverte. On pourrait simplement voir le récit comme une vision personnelle et féerique du mythe d'Adam et Eve, tant il y a de similitudes.

Graphiquement et narrativement envoûtant, Les Orphelins fait figure de bol d'air, véritable respiration avant l'avalanche de nouveautés de la rentrée littéraire.

Moyenne des chroniqueurs
7.0