Achevé d'imprimer
J
ulien n’aspire qu’à une seule chose : être publié ! Mais voilà, c’est pour l’instant l’échec total. Il vit dans un petit appart' perdu dans Paris avec Ernest son grand-père adoptif. Il écume les soirées espérant toujours atteindre son but. Mais la vie est dure, et l'aïeul l’agace profondément en le rabaissant, en ridiculisant ses rêves de gloire. C’est sûrement pour cela qu’il l’a ouvert «en deux avec un couteau de cuisine. De haut en bas. Il en a partout, mais paix à son âme». Et là c’est le déclic, il va tuer, éventrer, assassiner, et Julien en fera un roman, à lui la gloire ! La course poursuite commence… elle se terminera en apothéose.
Amoureux du polar noir cet album est pour vous. On y trouve tous les ingrédients propres au genre. Il est même assez rare de trouver autant de noirceur en bande dessinée. Pour atteindre le grand niveau il est nécessaire de réunir trois choses essentielles. Premièrement une «écriture», un style, et c’est là qu’ Olivier Mau touche au but. Le romancier ne rate pas une occasion de placer des petits dialogues courts et efficaces qui marquent les esprits. Ensuite il faut un coup de crayon, c’est donc au tour de Rémy Mabesoone d’être tranchant. Pour la noirceur du récit, il faut un trait ombrageux, le dessinateur éclabousse les planches de ce noir charbonneux, laissant ici et là de grandes zones blanches exprimant les rares moments de paix. De plus, il s’attarde souvent sur les visages, déformant les tronches pour mieux ressortir l’horreur des actes. Enfin il faut une histoire, Achevé d’imprimer est un road-movie, la cavale de Julien le fera traverser la France. Et c’est là où le bât blesse. Les différentes rencontres réalisées au cours de sa cavale sont loin d’être toutes aussi intéressantes, le rythme s’en trouve alourdi, l’intérêt baisse donc au fil des pages. Mais il y a la chute, cette chute que le lecteur ne voit pas venir, il se la prend en pleine figure et s’en remettra difficilement.
Achevé d’imprimer est un bon polar. Moins dilué, il aurait pu atteindre des sommets. Mais que les adorateurs du style ouvrent l’album et lisent les premières pages, ils seront sûrement happés avec Julien dans un tourbillon de folie.
5.8