80 jours

E dmond vient juste d’avoir 80 ans et les médecins lui ont fait comprendre qu’il ne se lèverait plus jamais. Ca a débuté avec la canne, puis est venue la chaise roulante et enfin le lit. Pourtant depuis que Juliette s’occupe du vieil Edmond, il va beaucoup mieux. Jour après jour, ils peuvent voir les progrès accomplis par le vieillard. Quand au quatrième jour il marche de nouveau, tout s’éclaircit et l’évidence apparaît à ses yeux : chaque jour qui passe, Edmond rajeunit d’un an. Au cinquième jour, il n’a plus que 75 ans, au dixième, 70 ans et ainsi de suite.

Olivier Guéret et Nicolas Vadot, co-scénaristes, signent chez Casterman un surprenant conte fantastique. Le principe de remontée dans le temps permettant nombre de divagations, ils savent ici tenir en haleine le lecteur. En effet de multiples interrogations viennent à l’esprit d’Edmond : comment le processus va-t-il évoluer ? Pourquoi cela m’arrive-t-il à moi ? Et surtout, que va-t-il se passer à la fin du quatre-vingtième jour ? Et même si l’enthousiasme du vieillard qui reprend goût à la vie est communicatif, l’égrainage méticuleux des jours contribue à créer une ambiance pesante. Jour après jour, de nouveaux événements relancent la machine : la vue et l’ouïe qui reviennent, le regard des femmes qui change, le corps qui répond de nouveau, mais parallèlement la même question sur la fin annoncée revient à l’esprit.

A quoi faut-il penser d’ailleurs ? Au passé ou au futur ? En plus de parfaitement représenter graphiquement la vie d’Edmond qui s’écoule à l’envers, les auteurs se permettent de laisser passer quelques jours sans nous le montrer, laissant l’esprit imaginer les transformations qui ont dû s’opérer.

Réussite totale que cette petite fable, qui rappelle parfois dans le même style de narration, l’Outremangeur de Benacquista et Ferrandez. Malgré une couverture peu réussie, le dessin est très pointu et c’est un plaisir de suivre les évolutions physiques, et morales, du personnage principal.

Moyenne des chroniqueurs
7.0