Paradis perdu 4. Terres
T
out a basculé le jour où l'ange Gabriel a rencontré son ancien amour et ce jeune garçon aux frontières du Paradis et de l’Enfer. Depuis, les armées de l'Enfer et du Paradis se disputent le contrôle de l'univers. Enjeu d’une guerre éternelle, le petit Julien n’est autre que l’arme ultime qui donnera la victoire aux armées du ciel, mettant fin à l’équilibre qui régit l’univers.
Se retrouvant sur une terre ravagée par les Démons, Julien ne sait que faire du pouvoir dont il a hérité tandis que Gabriel succombe à la plus grande des tentations de Satan : la puissance suffisante pour mettre fin à toutes les souffrances. Devenu ivre de pouvoir, il risque néanmoins de mettre fin à tout sentiment, voire même à toute vie…
La description de l’Apocalypse telle qu’elle figure dans la série Paradis perdu, a permis à Ange de décrire avec originalité et simplicité certains problèmes liés au combat entre le Bien et le Mal. Dans un tel déchaînement de violences et de sentiments, la tentation est grande, selon le scénariste, d’utiliser tous les moyens à sa disposition afin de voire sa cause triompher, quitte à la dénaturer complètement compte-tenu de la nature maléfique des moyens utilisés : un thème ô combien d’actualité dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Dans de telles conditions, il est donc très difficile de distinguer le Bien du Mal, chaque camp ayant de très bonnes raisons de s’être lancé dans le conflit. De plus, ceux-ci sont donc intrinsèquement liés, l’un ne pouvant se passer de l’autre, le Bien absolu étant tout aussi destructeur et insupportable que le Mal absolu.
On le voit, le scénario continue donc sur sa lancée et conclut ainsi cette version dantesque mais pleine de maturité de l’Armaguedon. Certains regretteront peut-être la conclusion athée dans laquelle les auteurs présentent une version « biologique » des théories du philosophe Feuerbach. Celle-ci, pourtant inutile à l’intrigue, n’enlève rien à la qualité du récit.
Côté graphisme, le dernier tome de la série a permis à Xavier de se libérer complètement, celui-ci délivrant des décors grandioses et somptueux, agrémentés d’un cadrage dynamique. Le dessinateur présente un graphisme digne de la Fin des Temps.
Ange et Xavier terminent donc sur un sans-faute concluant avec brio une approche originale d’un thème pourtant maintes fois traité.
>> Voir la chronique du tome 2, Purgatoire
>> Voir la chronique du tome 3, Paradis
>> Voir la prépublication du tome 4, Terres sur BDGEST
7.5
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