SAS 1. Pacte avec le Diable
D
ans Belgrade gangrenée par la corruption et ravagée par des années de guerre, Milorad Lukovic, ancien commandant des bérets rouges et coupable de nombreuses atrocités durant la guerre civile yougoslave, est traqué par la justice internationale. Sa capture s’avère être des plus difficile tant sont nombreux les nostalgiques de l'ancien régime. Mais Lukovic est allé trop loin en commanditant l'assassinat du Premier Ministre Serbe. Les Américains veulent maintenant sa tête à tout prix. C'est pourquoi ils envoient leur meilleur agent sur place, Son Altesse Sérénissime le Prince Malko Linge.
Alors que les romans de Gérard de Villiers se sont imposés comme des monuments de la littérature de gare, le héros principal de la série a toujours eu des difficultés à sortir de ce medium alors qu’à l’instar de son collège britannique 007, ses aventures sur papiers auraient pu servir de base à de bons films d’action. Le cinéma lui ayant depuis longtemps fermé ses portes, l’agent spécial aux yeux dorés s’en remet donc maintenant au neuvième art pour continuer ses aventures.
Les auteurs ont réussi à décrire avec brio la situation chaotique dans laquelle se trouve la Serbie, donnant à l’intrigue une certaine crédibilité. De plus, celle-ci est noire et pessimiste à souhait. Cette relation directe avec l’actualité et ce côté fataliste des enquêtes de Malko avaient toujours été une des grandes qualités des romans de de Villiers. En ce sens, l’adaptation peut être considérée comme réussie. Que les plus coquins se rassurent, les auteurs n’ont pas non plus oublié les torrides scènes de sexe auxquelles l'écrivain les avait habitués.
Néanmoins, on ne peut se départir de cette impression qu’il aurait fallu développer l’histoire sur plusieurs albums. En effet, les scènes se suivent de manière un peu trop rapide sans qu’on ait le temps de saisir les enjeux politiques ni de s’inquiéter pour les protagonistes. De plus, ce manque de place a pour conséquence la disparition d'éléments récurrents de la série originelle, à savoir la relation compliquée qu’a Malko avec l’Agence et des personnages secondaires tels que les penauds mais néanmoins efficaces Chris Jones et Milton Brabeck ou l’incroyable majordome Krisantem. Une véritable déception compte tenu de l'importance de ces éléments pour l'ambiance générale des romans.
En ce qui concerne le dessin, le résultat est tout aussi mitigé. André Mutti est pourtant loin d’être un novice en la matière et son trait bien réaliste ne manque pas d’attraits. Néanmoins, son style manque parfois de précision et le rendu des mouvements laisse souvent à désirer, à un tel point que l’on a l’impression de lire un roman-photo.
Malgré ces nombreux défauts, Pacte avec le Diable dispose de certaines qualités qui pourraient plaire aux amateurs de récits d’espionnage. Finalement, cet album ressemble beaucoup aux romans : vite lu, vite oublié tout en gardant une bonne impression de l’histoire. Un peu plus d’assiduité dans le dessin et un peu plus de marge pour le développement de l’intrigue amélioreraient sans aucun doute la qualité de cette série pour le moment franchement moyenne. Le potentiel, en tout cas, est bien présent.
5.0
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