Tir Nan Og 1. L'exode
A
u milieu du XIXe siècle, la famine et la misère poussent des milliers d'Irlandais à quitter leur pays pour émigrer vers les Etats-Unis, terre de tous les espoirs. Le monde féerique participe secrètement à l'exode, en vue de rejoindre Tir Nan Og, le pays des fées, qui se détache de plus en plus du monde réel et dont les entrées se trouvent à New York. Cinquante ans plus tard, en 1899, Stephen, jeune garnement des rues, survit avec ses trois compagnons, d'arnaques et de rapines. Au cours de l'une d'entre elles, il découvre une carte ancienne marquée de points énigmatiques. Cette découverte va changer sa vie et son destin...
Au fil des 46 planches de l'album, le scénario se dirige crescendo vers le fantastique. La première moitié de l'histoire, durant laquelle nous découvrons le mode de vie du héros et de ses amis, n'est pas sans rappeler les aventures d'Oliver Twist dans une ambiance proche de Gangs of New York. Même si elle est un moyen d'introduire le personnage principal, on reprochera au scénariste de la faire traîner en longueur. La seconde moitié débute avec la découverte de la mystérieuse carte et nous propulse dans un monde à la fois inquiétant et féerique, où vivent des elfes, bons et mauvais, et d'autres créatures imaginaires. Cette fois-ci, elle aurait gagné à être agrémentée de quelques planches supplémentaires, afin de donner des indices quant au rôle du jeune homme dans ce monde. La dernière planche arrive brutalement alors que l'on se sentait prêt à poursuivre l'aventure et à découvrir les réponses aux questions qui se bousculent. Ce tome d'introduction laisse donc le lecteur avec un sentiment de trop peu malgré une lecture plaisante et divertissante.
Pour doter les elfes d'une élégance et d'une beauté sans pareil, rien de tel que la sensibilité graphique d'une femme. Nouvelle venue dans le monde de la BD, ce premier album d'Elvire de Cock n'est pas sans rappeler les débuts d'Alice Picard sur la série Weëna. Bien que séduisant, son trait manque encore d'assurance, notamment dans les premières planches, mais aussi de régularité, alternant le très bon et le moins bon. De même, autant la mise en couleur est particulièrement propre dans les teintes sombres et parvient à instaurer une ambiance peu rassurante dans les souterrains de la ville, autant elle est criarde et met en lumière les erreurs du dessin dans l'utilisation de teintes plus vives. Bref, quelques petits défauts qui devraient se corriger avec le temps.
À la lecture de ce premier tome, le scénario et le dessin manquent donc d'un peu de maturité pour totalement séduire. Ceci dit, l'ensemble se révèle plutôt convaincant et prometteur et Tir Nan Og devrait principalement plaire aux amateurs de fantastique.
6.0