Lune d'ombre 3. L'île aux Démons
E
n échange de l'otage aveugle, Solédad et ses hommes devaient être couverts d'or. C'était sans compter sur la cupidité du régent d'Alep qui, obsédé par la construction d'un fabuleux mausolée, n'a plus une once d'or dans ses caisses. Aidé par Nouredine, un des rivaux de la pirate andalouse, ils tentèrent de ravir l'aveugle sans payer la rançon et de tuer tout le monde au passage. Le succès de l'entreprise n'étant pas au rendez-vous, Soledad parvient à prendre la fuite. Hors de danger, Al-Makzun, l'otage tant convoité, daigne enfin lui révéler son secret...
La Tour du Silence était loin d'être solide sur ses fondations et faisait craindre le pire quant à la suite de Lune d'Ombre. Ou les auteures parvenaient à redresser le mat et suivre le sillon du premier tome, ou elles laissaient couler le navire dans un océan de platitude. Fort heureusement, L'Ile aux Démons fait plus qu'éviter le naufrage et relance complètement et de fort belle manière une série que l'on devinait prometteuse.
Comme dans les deux précédents albums, Sylviane Corgiat ne cesse de jongler entre passé et présent. Jusqu'alors, notre préférence allait aux nombreux flash-backs qui relatent les épreuves surmontées par Solédad pour devenir la pirate la plus crainte des mers. En effet, habilement intégrés, ils permettent de mieux cerner l'héroïne et de s'y attacher, sans pour autant perturber le rythme du récit. Du coté de l'action présente, celle-ci commence enfin à être intéréssante grace aux révélations de Al-Makzun et à la tournure (encore plus) fantastique empruntée par l'histoire. Les différents personnages prennent de l'importance, des trahisons naissent, des liens se nouent et des coups de théâtre éclatent. Bref de quoi faire oublier un second tome sans réelle saveur !
À l'instar du scénario, le dessin de Christelle Pecout offre une jolie surprise après la déception provoquée par l'incroyable baisse de qualité dans le dernier tome. Que de progrès réalisés en l'espace d'une année : le trait s'est considérablement affiné et a pris de l'assurance, les imprécisions se font moins présentes et la mise en couleur, plus nuancée et sobre, est tout simplement mieux adaptée au dessin. La qualité graphique est donc de mise et redonne à la série le plaisir de lecture qui lui faisait défaut.
Lune d'Ombre trace sa route, non sans embuches, pour arriver à bon port. Les femmes aux commandes de la série semblent enfin avoir trouvé l'harmonie qui leur permettra de conclure l'histoire en apothéose au prochain tome, du moins, c'est tout ce qu'on leur souhaite.
>> Chronique du Tome 1 La Pirate Andalouse
>> Chronique du Tome 2 La Tour du Silence
6.0