Les ados 1. Laura et Ludo

A près s'être allègrement moquée des jeunes dessinateurs (Comment faire de la bédé sans passer pour un pied nickelé), des conjoints infidèles (Le démon de midi), des enfants (Les Débloks), des quinquagénaires en quarantaine (Le démon d'après-midi), après avoir décliné partout le « gros nez » à en décomplexer un Cyrano, Florence Cestac s'attaque à une nouvelle cible : les ados.

Voici donc Laura et Ludo, deux adolescents enjoués et plutôt bien dans leur peau (malgré l'acné). Prépubliée dans Le Monde des Ados, cette série de gags en une planche se concentre sur les petites aspérités d'une adolescence globalement heureuse, plutôt que d'insister sur le mal-être ou les conflits qui peuvent parfois aussi accompagner cette période. Pas question ici d'être condescendant en parlant d'âge ingrat, ni de jouer le jeu d'une prétendue guerre des générations. La rébellion n'est pas non plus à l'ordre du jour. L'idée serait plutôt de promouvoir l'écoute et la compréhension réciproque. Cela ne fonctionne pas toujours, surtout pas quand Ludo se pique de "déringardiser" ses parents en interrompant Mozart sur la Hi-Fi familiale pour une séance de rattrapage musical avec du rap à donf'. En revanche, convertir 'Pa aux mangas*, c'est facile.

Très à l'aise dans les histoires en deux planches, Florence Cestac l'est moins quand il s'agit de mener un gag en une seule page. On pourra en trouver la confirmation en relisant l'histoire composée pour le collectif "Rire contre le racisme". En deux planches, c'était formidable ; repris et condensé ici en une page unique, le gag devient plus anodin. D'une façon générale, l'auteur manifeste plus de tendresse que de dérision pour ses personnages. On n'éclate pas forcément de rire, mais il y a une énergie assez positive qui se dégage de ce livre.


- - -
* Le choix manga de Ludo et Laura : Dragon Ball, Astro Boy, Akira. Plus pointus, Pandemonium et... "Happy World", série dessinée par un certain Kenjirou Takeshita. Détail amusant, ce titre est encore inédit (et pas encore traduit) en France à ce jour. On se demande bien où Cestac est allée le pêcher !

Moyenne des chroniqueurs
5.5