Blacksad 2. Arctic-Nation

A rctic Nation s’ouvre sur une scène de crimes racistes. Le décor est planté dès la première planche, pour ce second tome de la série Blacksad, dans laquelle les protagonistes sont des animaux, et qui va conduire notre héros, l’inspecteur Blacksad, chargé d’enquêter sur la disparition d’une jeune fille noire, dans une sombre histoire xénophobe et machiavélique….

Le premier tome de cette série, avait déjà fait forte impression et cet album ne fait que confirmer tout le bien que l'on pensait des auteurs, espagnols. Dès la première page, le lecteur est pris dans le feu de l’action et il n’y aura pas de répit tant le scénario est intelligemment pensé. Les dessins ne sont pas en reste, la « patte » est là (sans jeu de mot), avec un style graphique original et aisément identifiable. Les animaux semblent presque humains, tant l’expressivité des visages et leur psychologie sont bien travaillées. Mais ne nous y trompons pas, les auteurs ont voulu sous cet aspect animalier et sur fond d’enquête policière pointer du doigt notre propre société et son lot d’intolérance, de haine et de violence gratuite. Evitant l’écueil de tomber dans des clichés trop faciles et de donner une impression de déjà-vu, ils ont su suggérer plutôt qu’imposer la morale de l’histoire.

Tout simplement une fable moderne, tout sauf ingénue, qui marie avec bonheur plaisir et réflexion.


Par Sylvain


Le premier tome de la série avait laissé une impression d'éclat, avec un graphisme animalier du plus bel effet, sensible, maîtrisé, magistralement mis en scène. Un album réalisé sans hâte, sans pression. Un scénario un peu simpliste mais somme toute assez efficace, avec une vague impression de Mike Hammer flottant dans la fumée acre des bouges sordides... Ayant reçu un accueil triomphant (tant sur le plan de la critique que sur celui des ventes), ce deuxième tome était attendu comme le messie. On entendait déjà les critiques dithyrambiques s'approcher, gronder, les complimenteurs s'emballer comme un seul homme : c'est génial ! C'est somptueux ! Immanquable ! L'album de l'année ! etc.

Hélas, elle est passée, la surprise du premier album, et si l'on se donne la peine de se pencher objectivement sur « Arctic Nation », il peut se dégager une impression de déception. Bien entendu, Guarnido est un maître, s'il n'est pas au sommet de son art, il n'en est pas loin. Mais qu'en est-il de la mise en scène dynamique du premier album, de ses cadrages audacieux, de ses silences lourds, de la fluidité de la narration ? Elle n'est plus là. Où sont passées ces "gueules" insondables, ces expressions subtiles ? Pas dans Arctic Nation, ou les personnages secondaires ne souffrent d'aucune ambiguïté. Avec un scénario pour le moins alambiqué et une intrigue qui se perd assez vite, l'enchaînement de lieux - un peu trop - communs et le manichéisme délibéré des protagonistes, tout concours pour une lecture facile, sans passion. Bien entendu, il ne s'agit pas d'un mauvais album, il ne faudrait pas exagérer. Juste un album un peu frustrant, que l'on imagine réalisé avec un peu trop de stress, de fébrilité, d'urgence mal venue.

Impossible de dire du mal de Blacksad sans passer pour un provocateur? Allons allons, avec un brin de méchanceté et de mauvaise foi, on peut y arriver.