D'un quai à l'autre Quelques récits ferroviaires en…
D’un quai à l’autre est un album partant d’une idée simple : raconter une histoire ayant un rapport plus ou moins direct avec les lignes de chemins de fer. Il n’est donc pas surprenant de trouver la SNCF comme un des initiateurs de ce collectif, avec le festival Quai des bulles.
Comme l’explique Etienne Davodeau dans la préface (il a aussi réalisé la couverture) : 10 auteurs pour 10 histoires. 10 auteurs pour 10 styles différents. Enfin 10 auteurs pour raconter des faits personnels plus ou moins romancés. L’album a aussi pour but de faire découvrir de « nouveaux talents ». On y trouve donc Bruno Le Floc'h, Guillaume Bouzard, Jean-Luc Simon, Morvandieu, Jimmy Beaulieu, Laurel Del Pino, Daphné Collignon, Olivier Josso, Bibeur Lu, et enfin Nicoby.
Il s’agit de 9 petites histoires, toutes séparées par une planche humoristique de Nicoby. Comme toujours dans un collectif, le ton entre les divers auteurs, ainsi que le style, sont bien différents. Et comme toujours dans un collectif, les préférences sont de rigueur.
Il y a d’un coté les déconneurs, avec en premier le roi de l’humour con (attention ceci n’est pas une insulte) : Guillaume Bouzard, accompagné de son fidèle compagnon Flopi, et quand ces deux là entrent dans un train, ça devient vite chaud. Nicoby tire aussi son épingle du jeu avec ses gags en une planche, montrant les différentes rencontres qu’il a pu faire, on y trouve ce petit plaisir de se dire « moi aussi j’ai croisé quelqu’un comme ça ».
Il y a aussi les penseurs. Qui n’a pas réfléchi une seule fois sur sa propre vie ou sur celle des autres ? Sur le quai ou dans un train ? Jean-Luc Simon a suivi cette voie. Un texte central, et les cases qui gravitent tout autour. La vache qui regarde l’homme, et en fin de compte, n’est-ce pas l’inverse ?
Il y a les personnels, ceux qui racontent tout simplement un fait de leur vie, avec beaucoup de pudeur. C'est le cas de Jimmy Beaulieu, qui par cette suite de cases se fixant sur son visage ou sur les paysages, donne un rythme doux et sans secousse.
Et puis il y a la petite perle : Bruno Le Floc'h qui arrive avec cette histoire de rupture à donner un sourire béat. La séparation sur le quai d’une gare devait être logiquement abordée.
Il y a aussi des découvertes graphiques comme Daphné Collignon, qui utilise les couleurs par petites touches renforçant son histoire onirique.
Un des objectifs de cet album était donc de montrer de nouveaux talents. De rendre curieux le lecteur sur des styles différents. Il réussit sur ce point. Mais il reste tout de même un goût d’inégalité qui restera le défaut principal d’un collectif. A chacun de se faire sa propre opinion.
6.4