Un paradis distant

M émé a eu douze enfants. Douze beaux enfants que la mort lui a pris, souvent parce qu'ils étaient noirs d'ailleurs. Alors quand Little Bill et sa maman viennent la rejoindre, preuves vivantes que l'un de ses fils a eu une descendance, elle ne peut qu'être heureuse. Travis, quant à lui, sort de prison après y avoir purgé une très longue peine pour un viol qu'il n'a pas commis, et il rentre à Rockwell Town pour se venger. Ces quatre-là vont se rencontrer, apprendre à s'aimer, mais sont-ils réellement dans la ville adéquate pour cela ?

Les clichés narratif ont ceci de bien qu'ils ont la vie dure. Dans Un paradis distant on retrouve la belle noire que tous convoitent, le repris de justice innocent au grand coeur, les attardés racistes et persuadés que la ville leur appartient, la vieille mama esseulée après la mort de tous ses enfants... Dans une valse de situations toutes plus classiques les unes que les autres, Wander Antunes mène ses personnages vers une fin un peu plus inédite, digne d'un western des années 60. Car cet album est un western, en fait, où les méchants cow-boys veulent la peau du gentil outlaw et de sa ravissante conquête.

Graphiquement, Walther Taborda alterne le meilleur et le pire. Les décors sont généralement très réussis, tout particulièrement les scènes d'intérieur qui fourmillent de détails, mais les personnages sont, pour la plupart, caricaturaux et grossiers. Leurs visages ont une game d'expression extrêmement réduite, allant du sourire "ultra bright" toutes dents dehors à la fureur très agressive... toutes dents dehors. Les corps féminins, affublés de poitrines énormes et de vêtements tellements moulants que l'on a l'impression que le tronc et le haut des jambes sont juste colorés différemment des membres, sont tout sauf naturels, montrant tous leurs atouts pour faire oublier leurs visages peu détaillés.

Un paradis distant se voulait un album au graphisme décalé, sur un scénario pas comme les autres. On en vient à souhaiter réellement ce décalage, tant le résultat déçoit.

Moyenne des chroniqueurs
5.0