Héros

D ans le cadre d'un travail d'école, Flix retrace la vie de Félix, son alter-ego, depuis l'angelot pré-natal investi d'une mission de la plus haute importance jusqu'à sa mort. Harcelé par des monstres qu'il est seul à voir, et qui tendent à le persuader qu'il n'est "pas à la hauteur", il va tout faire pour montrer au monde qu'il est quelqu'un de bien, capable des plus grandes choses, du scénario pour Hollywood au... baby-sitting.

Drôle d'idée que de rendre un travail de fin d'études autobiographique, puisque par définition l'auteur n'a pas l'âge d'avoir suffisament de matière. L'auto-fiction, à la limite, a ses adhérents, mais l'autobiographie dans tout ce qu'elle a de nombriliste et d'égocentrique, c'est surprenant. Flix démontre avec Héros qu'il n'est aucun besoin d'un croisement de sa vie avec l'Histoire (celle avec un grand H) pour rendre intéressant son petit train-train. Et que le quotidien (ou presque...) du citoyen lambda peut être source de rires et de larmes du moment qu'il est raconté avec humour et brio. Chacun se reconnaîtra dans sa vie, que ce soit à l'enfance, à l'adolescence, à l'âge mûr ou dans la vieillesse. Car il est là, le grand pari de l'album. Raconter avec autant de détails le passé que l'avenir, ce qui est arrivé et ce qui adviendra. Flix reste sans concession sur son futur, ne se voyant pas en super-héros mais en homme normal, avec ses défauts, ses monstres, et c'est pour ça qu'il reste touchant et surtout crédible jusqu'au bout.

Graphiquement, on reste basique. Noir et blanc, grands pieds, grandes mains... Peu de détails, on sent plus l'influence du dessin d'humour que celle de l'Âge d'Or, mais l'expressivité des personnages est à son point maximum. Les expressions très travaillées font plus que les dialogues dans la compréhension de l'histoire, surtout quand on voit l'évolution physique des personnages, et l'ensemble des postures montre un réel travail d'observation.

Héros est un travail d'école, ou en tous cas est présenté comme tel, ce qui laisse augurer bien du plaisir quant à la suite de la carrière de Flix. Qui a dit que les allemands ne faisait pas de BD ?

Moyenne des chroniqueurs
8.0