Jack B. Quick Enfant Prodige

D ans une Amérique des années 50, en plein milieu d’un état foncièrement agricole, le jeune Jonathan Beauregard Quick est un véritable petit génie. Bien entendu ses multiples inventions provoquent parfois quelques catastrophes, comme la fois où il créé par accident un système solaire miniature au milieu d’un champ, ou quand son "robot épouvantail" devient tellement populaire qu’il en découlera une dictature planétaire... mais il faut bien que jeunesse se passe.

Alan Moore ne respecte rien ! Après avoir touché aux Super-Héros sous toutes leurs formes, dans leur quotidien ou en testant leur invulnérabilité, voici qu’il se paie maintenant la tête de leur jeunesse.
Imaginez un peu que la série Génial Olivier ait été véritablement drôle... vous obtiendrez alors Jack B. Quick : un petit surdoué hyperactif dont les dernières trouvailles provoqueront des situations totalement loufoques dans un monde pourtant très lisse.
Car l'humour réside beaucoup dans la dualité entre le fantastique et le quotidien : bien que les faits appartiennent à la plus grande fantaisie, leurs acteurs sont d’une banalité ahurissante. Monsieur le Maire a une abeille géante dans son garage ? Pas de problème : on va fabriquer un verre géant et un journal géant pour la piéger !

En utilisant tous les poncifs de la jeunesse des héros de comics (années 50 dans une petite ville d’un état ressemblant furieusement au Kansas), Alan Moore et Kevin Nowlan dépeignent les travers d’une amérique populaire dépassée et totalement passive ; l’histoire où des pseudos-robots prennent le pouvoir sur une population qui les trimballe en brouettes est d’une féroce drôlerie.
Rien ne semble pouvoir arrêter Jack B. Quick dans ses débordements : ni la police (qui va jusqu’à coopérer), ni les politiques (totalement dépassés) et encore moins l’autorité des parents que l’on voit petit à petit s’enfoncer dans l’alcoolisme et les tentatives de suicides.

En poussant son héros à mettre en pratique les théories de physique quantique avec les résultats que l’on sait, Alan Moore joue-t-il à l’apprenti sorcier jubilatoire, ou n’en n'en profite-t-il pas pour appuyer là où ça fait mal : l’étrange double-face de la science, bénéfique d’un côté, dangereuse de l’autre ? Comme souvent dans l'oeuvre de Moore, une certaine réflexion personnelle pourrait bien se cacher sous la drôlerie du propos.

Mais il n’y a aucun doute sur un point : les aventures de Jack B. Quick, elles, sont à découvrir.