Redhand 2. L'arme des Dieux
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ne prophétie raconte qu'un homme sans père ni mère, sans même une enfance et un prénom arpentera la surface de la Terre. Il sera à la fois un nomade, un guerrier et un redoutable tueur. Les Dieux ne le verront pas et leurs pouvoirs ne l'affecteront point, pourtant il les affrontera, il cherchera à les tuer, à les disperser en nuages de poussière.
Redhand est cet homme. Un homme venu du passé, la technologie contrôlait alors le monde et la guerre déchirait les peuples. À présent, les armes à feux sont devenus des reliques, les demeures des anciens, des repaires du mal. Les Dieux, tout puissants, dictent la vie des hommes, leur apportant joie et misère en échange d'une adoration sans faille et de temples en leur honneur. Pourtant Redhand pourrait tout changer, son âme est pure et son esprit propre de toute religion. Seul contre tous, il n’hésite pas à remettre en question la suprématie de ces divinités tant adulées. Pour lui, le sacrifice des hommes n’est pas récompensé, le système de caste est inhumain et contraire aux croyances. Il cherche à apprendre pour mieux comprendre ce monde dont il ne sait rien, comme un enfant avide de connaissances qui découvre la vie.
Kurt Busiek signe un scénario qui monte en puissance au fil des pages. De la présentation des différents dieux à la rage destructrice de Redhand, la religion en prend pour son grade. Le héros clame haut et fort la stupidité de croire en des dieux qui provoquent les différences sociales. Pourquoi tout le monde n’est pas riche ? Pourquoi les hommes de la ville basse vivent comme des rats alors qu’ils prient plus que ceux de la ville haute ? Etc. Toutes ces interrogations et incompréhensions forgent le caractère du héros. Les athées s’identifieront aisément à Redhand qui prône également la paix. Mission vaine pour cet homme au destin tout tracé ?
Après les effusions de sang offertes dans le premier tome, l’Arme des Dieux est bien plus calme, avec plus de textes et une longue présentation de Silacaea, le plus grand port des Îles du Nord. Le dessin de Mario Alberti est dans la lignée du Prix de l’Oubli. Son trait allie élégance, finesse et dynamisme. Il semble bien plus à l’aise dans les scènes d’action et dans un univers de science-fiction pure, à l’instar des quinze dernières planches et de son autre série Morgana. La mise en couleur est également plus douce, reposante, avec une dominance de tons beiges.
Avec deux tomes à ce jour, Redhand est une série convaincante et habilement réalisée. Espérons que le prochain tome ne nous fera pas mentir.
7.0