Le bordel des muses / Le Cabaret des muses 1. Au Moulin-Rouge

D ans le Paris de la fin du XIXe siècle, Henri Marie-Raymond de Toulouse-Lautrec-Montfa, comte de son état et peintre de profession, connaît les beaux-jours de la vie trépidante de Montmartre dont il restera un des grands acteurs, et un des meilleurs illustrateurs.

Après son formidable "Vincent et Van Gogh" découvert l'année dernière, Gradimir Smudja reprend ses pinceaux pour nous conter cette fois l'histoire de Toulouse-Lautrec... ou plutôt non, il ne nous raconte pas l'histoire du fameux peintre mais nous emmène dans la folie des cabarets de Montmartre où gravitaient des personnages devenus légendaires, de la Goulue à Aristide Bruant.

Que ceux qui ne connaissent pas le travail de l'auteur (on peut aussi bien entendre par-là Smudja ou Toulouse Lautrec) ne s'écartent de ce formidable album en pensant y trouver une biographie sinistre et pompeuse !
Au contraire, sous le prétexte d'hommage à la peinture, Smudja mélange fiction et réalité pour obtenir un véritable tourbillon de couleurs et de folie furieuse ! Tout en imitant d'une façon absolument géniale les grands maîtres de l'époque, il nous en fait des portraits acides et extrêmement drôles, caricaturant Van Gogh, Gauguin et Renoir, ridiculisant Degas, et y ajoutant des noms qui résonnent à notre oreille comme Gustave Eiffel, Oscar Wilde ou le capitaine Dreyfus.
Sans véritable histoire, cet album nous présente divers éléments réels d'une vie nocturne passée entre les bordels et les cabarets, et auxquels s'ajoutent des situations oniriques où la poésie prend toute sa mesure chez ce petit personnage.
Lecteur, prépare-toi à perdre pied car c'est ce qu'on attend de toi.

Tel l'absinthe qui faisait décoller les esprits de Montmartre, "le bordel des muses" nous grise de couleurs, de peinture et d'absurde pour le plaisir, rien que pour le plaisir.

Moyenne des chroniqueurs
6.3