Suck my Duck!

C 'est l'histoire d'un mec ? Non. C'est *des* histoires de mecs. Il y a celui qui enjolive ses amours de vacances pour frimer auprès de ses copains. Celui qui pense que son rencard internet lui a posé un lapin, et qui fait le tour de son agenda à la recherche d'un plan pour la nuit. Celui dont les parents, au moment de son coming-out, se montrent exagérément compréhensifs. Ceux qui jouent les insensibles parce qu'être romantique, ça fout la honte. Et ceux qui ont bien tort de filmer leurs ébats, vu les conséquences désastreuses sur leur moral. Et enfin il y a tous les autres, avec leurs manies, leurs manières, leurs déprimes… Et comme toujours, thème récurrent chez König, l'évocation de l'enfer homo, cette perspective angoissante qui se résume en deux mots : « toutes passives ».

Son succès dépasse depuis bien longtemps la seule communauté homosexuelle, dans laquelle il puise personnages et situations. Avec un graphisme "gros nez" qui s'apparente à celui de Claire Brétécher ou de Christian Binet, avec un humour de vaudeville (mais en plus subversif) et des dialogues percutants, Ralf König est un maître de la BD satirique. Qu'on écrive ce mot avec, ou sans "y".

Sans personnage central (bien que Conrad et Paul y fassent quelques apparitions furtives), Suck my duck rassemble des séquences courtes (deux planches le plus souvent) qui dans leur globalité produisent un portrait aussi féroce que tendre de la "scène homo". Nouveauté, comme Roy & Al, ce livre est composé en couleurs. Tant mieux, le rainbow flag en nuances de gris aurait perdu beaucoup de son kitsch !


Autres chroniques sur BDGest :
>> Et maintenant, embrassez-vous
>> Roy & Al

Moyenne des chroniqueurs
7.0